Elle était venue à lui, famélique et sans plus le moindre espoir. Pour Jason, la jeune femme évoquait une princesse des steppes, une vraie, de cellesdont il avait pu rêver en écoutant des histoires de cow boys et d'indiens, plus jeune.
Il y avait des traces de coups sur son visage, pas la mandale que peut se prendre une femme d'alcoolique dans le coin de la tronche parce qu'elle a laissé le dîner cramer, mas la grosse beigne que l'on jette simplement par sadisme. Pareil pour les marques de brûlures, elleslui descendaient de la joue jusqu'à l'épaule comme le montraient ses habts débraillés, et peut être plus bas encore. Pour cete maltraitance ci, la demoiselle avait pas dû être beaucoup couverte...

Avec humilieté, elle avait accepté la bouteille d'eau de Red Hood, ainsi que le pain, seule chose qu'il avait à lui offrir. Le justicier criminel la recevait dans une de ses « safe houses », pas la plus importante, leur permettant de ne pas être exposé à tout dans la rue, notamment au regard des autres. Pour la métisse, c'état déjà faire preuve de courage de venir ici, courage ou abandon. Sasha n'était pas loin, elle aussi elle écoutait, mais restait à sa place malgré tout, une chose que Jason n'avait pas eu à lui apprendre.
Lorsque l'inconnue parla, et sa voix était aussi rauque qu'un vol de corbeaux, le nom de Joseph Blackfire vint aussitôt. Celui-ci n'était un inconnu pour personne, mais les pots de vin d'un côté plus le fait que cette affaire puisse être repêchée comme « problème politique» et mettre ainsi le feu aux poudres, empêchaient les forces de police de vraiment intervenir. On appliquait alors la politique de l'autruche sur les activités de l'homme, et quelques fois, on s'en servait comme sujet pour des blagues de mauvais goût. Du moment qu'il laisse les belles blondes riches de Gotham en paix....

Occupé au problème « Black mask », Hood n'avait pas non plus prêté attention au gourou et à ses ouailles. Qui plus est, pour lui Blackfire avait été vaincu pa Batman il y a quelques années de cela, lorsque lui-même étit Robin. Déchiqueté vivant par ses propres hommes, même, pour être exact. L'homme était assez fou pour faire partie de cette minorité de personnes chez qui la mort n'avait aucun effet, Jason n'en doutait pas, mais de là à le penser de nouveau aussi actif à Gotham... Finalement, comme beaucoup, le Hood avait choisi de se poser des oeillères plutôt que de s'attaquer à ce problème.
Il avait également eu peur de perdre complètement ses moyens s'il devait s'y frotter, encore férocement marqué par l'affaire Garzonas, vieille de tant d'années pourtant. Le cri de l'homme tombant du toit jusqu'à sa mort était l'une des multiples choses qui le hantait la nuit, les trop nombreux bruits de folie de sa tête, tout cela. Garzonas, comme Blackfire, deux types do'rdures différentes mais semblable malgré tout, une histoire de charisme, de manipulation. Il y aurait toujours des types comme ça...

Songeur, il leva la tête vers Sasha. Elle se débrouillait bien, il était heureux de ses progrès, certes, mais pour cette affaire-ci, Hood préférait la mettre à l'écart, lui donner un autre os à ronger. Elle obéirait, elle avait intérêt.

Il y eut un silence soudain : la métisse ne parlait plus. Ses cheveux sales lui retombaient sur le visage en un rideau épais, comme impénétrable. Elle avait parlé du problème des égoûts aussi, du désir d'inondation du gourou mais cela, Jason en avait juste rien à foutre. Ce qu'il voyait, lui, c'était cette fille crasseuse et digne, assise sur une chaise, là, juste devant lui, qui avait décidé d'agir, comprenant qu'aucun prophète n'avait le droit de ravager ainsi le corps d'autrui. Le Paradis sur Terre n'avait pas à se payer par le prix de la souillure...

 « On m'a dit de trouver Nightwing ou la fille chauve souris. Que ce sont eux les héros, que toi tu es un monstre...J'ai réfléchi, j'ai hésité aussi. Tu es violent, meurtrier, on raconte beaucoup de choses à ton sujet. Tu fais peur à beaucoup de monde et tu es fou je crois, mais je m'en fiche : Joseph Blackfire ne doit pas être puni, il doit juste souffrir pour tout ce qu'il m'a fait. C'est personnel, me venger moi, sinon je serais jste une victime de plus, un nom perdu dans la masse, tu comprends ? »

Il comprenait, la fille n'avait rien à offrir en échange si ce n'est accepter de lui servir d'intermédiaire dans la communauté amérindienne des miséreux de Gotham. Il remarqua les traces de piqûre sur ses bras, se demanda combien de temps encore elle resterait vivante mais ne dit rien. C'était la ville, c'était comme ça...

 « Blackfire est un homme fou, c'est aussi le Wendigo. Tu sais ce que c'est, toi qui a le visage blanc comme la craie ? »

Jason repensa à une mission en forêt avec les Titans, à Res Arrow s'amusant avec des histoires de démons indiens pour l'effrayer, lui, le môme aux jambes nues, blotti dans sa cape en attendant les ordres. Il acquiesça, le visage fermé.

 « C'est l'Envie, l'Envie de l'or et du pouvoir, l'Envie du sexe...et la nourriture, bientôt il nous mangera tellement sa faim est insatiable. Et vous laissez faire.... Tu vas m'emmener avec toi, et je te conduirais jusqu'à Blackfire-le-Wendigo. Il saura que s'il souffre et meurt, c'est parce que j'en ai décidé ainsi, et si moi je meurs... hé bien tant pis »

Au moins, la fille était pragmatique. Elle n'attendait pas de lui qu'il la protège en plus d'autres choses... Jason était le bourreau de Gotham, celui à qui personne jusqu'alors ne semblait avoir donné d'autre identité que Red Hood. Il n'avait pas prévu cela en revenant dans la ville, son esprit idéaliste aurait voulu que les gens le voient comme un héros, mais le héros restait Batman. Batman et ses fils chéris, ceux encore vivants...
La chute était dure, mais pas assez cependant pour l'écarter de son chemin de violence. Quant à Sasha, s'il ne l'obligeait pas à tuer, elle semblait vouloir continuer à le suivre malgré tout.

Indiquant à la Russe de rester au repaire, Hood se coiffa du casque bien qu'il portât déjà le domino, et fit signe à la femme de le suivre. Il était temps de rendre visite à ce bon vieux Joseph, non ?
En chemin, ils parlèrent un peu, elle lui donna sa tribu : les Choctaws, mais cela parla peu à Jason. Pour lui n'existait que les Comanches, les Sioux, les Apaches et les Navajors, tribue adoptive de Roy.
Elle lui donna son nom aussi, Poloma. « Arc », dans sa langue, mais Jason haussa les épaules. Il n'allait pas s'émerveiller pour un prénom ethnique, l'homme n'oubliait pas qu'il était ici pour le sang.
Dans le building, Poloma le fit entrer sans difficulté par une issue de secours. Elle le suivit alors qu'il neutralisa le service de sécurité légèrement minable de Blackfire au sous sol, elle resta de glace également lorsqu'un peu plus haut, elle le vit briser un homme jusqu'à le laisser agonisant. Pour elle, ces gens n'étient plus des innocents engagés sur un mauvais chemin : ils permettaient la violence, les agressions sexuelles et certains suivaient parfois l'exemple de leur gourou. Elle cracha sur l'homme avant de le laisser s'étouffer dans son sang, mais ses mains tremblaient. Peur ? Envie d'un shoot ? Jason ne parvenait pas à le définir...

L'ascencion jusqu'aux quartiers de Blackfire se fit dans un silence pesant, à peine trahi par le buit de la chair violentée et des os brisés tandis que Red Hood se frayait un passage. Il n'était pas fatigué, il n'avait pas peur et l'adrénaline stimulait son cerveau de manière plus que plaisante : Red Hood allait montrer un arrière goût d'enfer à ce faux prophète.
La porte s'ouvrit bien poliment lorsque le jeune homme la défonça d'un coup de pieds. Jason ne put cependant empêcher un juron :

 « Oh putain de merde de bordel de dieu...  »

C'était une erreur, évidemment, mais se retrouver face à Blackfire, qu'il avait vu mourir, et dont Jason avait sauvé Bruce de son repère avec tant de mal, le dérangeait. Si Ra's al Ghul utilisait le pouvoir des puits de Lazare pour son immortalité, Jason savait que Blackfire utilisait des moyens tout autre, qu'il valait mieux ne pas évoquer.
Il avait devant lui l'homme ayant réussi à laver le cerveau du Batman, entre autre...
Derrière lui, Poloma eut un glapissement d'animal, elle avait peur et c'était de sa faute. Pour un instant, Jason avait oublié qu'il n'était plus Robin, maigrichon de douze ans, mais Red Hood, mine de rien baraqué quand même, et qu'il allait lui faire sa race à ce fils de putain.

La métisse indienne voulut fuir, mais se heurta alors à un nouvel arrivant : Green Arrow.
Tiens tien, Dickie Bird était-il au courant que celui-ci se trouvait en ville ? Quoi qu'il en soit, même si leur cible semblait être la même, Red Hood s'apprêta à l'affronter lui, en plus de Blackfire.

 «On va quand même pas se disputer pour une part de « gâteau. »... Chacun son tour, Arrow. »