Dick Grayson

Des meurtres, on en voyait plein par ici, parfois des plus horribles que d'autres. C'est toujours dur cependant lorsqu'il s'agit d'une jeune femme ou d'un enfant, quelqu'un qui aurait pu, du, vivre de longues années encore.
Faire enlever le cadavre du parc fut tout sauf une mince affaire. La foule se massait le plus près possible de la découverte morbide, entre désir de pleurer la malheureuse et voyeurisme malsain. Il y avait dans ce group compact, bestial, des filles du même âge que le cadavre. Est-ce que cela leur fit quelque chose, est-ce que cela les rapprocha de celle qui n'était et ne serait plus jamais rien à présent ?
L'officier Dick Grayson tente maladroitement de refouler badauds et journalistes, avec l'aide de ses collègues. La télévision est là, on essaye de leur foutre des micos agressifs sous le nez tout en les bombadant de questions. L'image qu'il doivent donner, là, en plein direct ? Sûrement celle d'une bande d'idiots, voir de grosses brutes pour certains.
Autant être honnete : les policiers ne peuvent rien faire. Pas pour le moment, sans rapport médico-légal, sans piste...
Dick Grayson, un uniforme parmi tant d'autres, se doit d'écouter. Blüdhaven, la ville de Nightwing, la ville désertée cependant avec les récents évènements concernant Batman, est-ce là un cri désespéré de la part des immeubles et des habitants pour que son héros revienne ? Il ira, il le sait, son enquête...
Pas à Dick, à Nighwting.

Le corps est emmené par l'ambulance, Il est anonyme, bien caché dans la housse noire réfrigérée, bientôt quelqu'un peut-être, lui redonnera un nom.
Accompagné de l'officier Montoya, le commissaire Gordon mâche sa moustache. Il parle à mi voix, les badauds et les journalistes ne peuvent entendre, mais les policiers, s'ils prêtent attention, si

« Par où le meurtrier est-il venu, pour déposer le corps ? »

Les témoins sont formels, aucune voiture n'était dans le périmètre du parc à l'heure estimée de la combustion. Quant à ceux ayant vu les flammes, pour eux ils s'agissaient seulement de voyoux faisant un petit feu de joie.
Tout le monde déserte les lieux, se met au travail et enfin, la nuit vient...

Il n'y a qu'un seul policier de posté à l'entrée du parc, sous-effectifs oblige. Nightwing devra arriver à passer sans lui faire de mal, s'il veut commencer son enquête. Dès lors, plusieurs choix s'offriront à lui

Choix n°1
Fouiller le parc à l'endroit où se trouvaient les badauds. Un meurtrier, ça revient souvent sur le lieu de son crime, non ?

Choix n°2
S'intéresser à la plaque d'égoût. Un homme pourrait-il porter une jeune femme inconsciente à travers ce chemin, pour aller l'assassiner dans un endroit plus à son goût ?

Barbara Gordon

Oracle sait beaucoup de choses, n'est-ce pas ? Par exemple, elle connaît très bien le visage des disparues, ayant eu le temps de les étudier comme elle le voulait depuis l'écran lumineux de l'ordinateur. Les photos des avis de recherches sont mauvaises, parfois un peu dâtées, les filles sourient. Sur les six, une est morte aujourd'hui, mais les autres ?
Le rapport médico légal n'est pas encore sorti, cependant -joies de l'ère informatique- Barbara l'aura à disposition sitôt celui ci terminé, les firewall des ordinateurs de la morgue n'étant pas une trop grosse menace.
Il lui appartiendra cependant de décider si les infos devront être partagées avec Nightwing ou pas. La jeune femme l'a peut-être vu au reportage télévisé de cet après-midi, il est obligatoirement sur cet affaire, étant donné son rôle de policier. N'est-ce pas dangereux de l'y envoyer en tant que Nightwing également, est-ce que cela pourrait jouer sur son objectivité, la loi ayant à se battre contre sa morale de vigilant ?

Un bip retentit soudain, ça y est, les informations arrivent.

Rapport d'Autopsie

Spoiler:

Barbara ne connaît aucune des six femmes, cependant grâce à ses recherches sur la toile, elle sait que l'avant-dernière -Melissa Jones- venait d'être engagée comme serveuse dans un petit bar de Gotham. Un bar tenu par les gens de Black Mask. Cela vaut peut-être le coup de s'y rendre ?

Tu as deux actions à effectuer dans ton post, le choix n°1 étant facultatif selon ta décision

Choix n°1
Tu décides des informations que tu envoies ou non à Nightwing (le rapport d'autopsie, le lien avec Black Mask...), sachant que tu peux très bien ne lui en donner que des partielles, ou rien du tout. Essaye de les mettre en évidence par rapport au reste du texte si possible

Choix n°2
Tu te rends au bar, un petit club de Jazz, et essaye d'obtenir des informations en parlant au barman. Après quelques cocktails, il t'indique finalement la table où se trouve le patron du bar, Giorgio, qui fume en écoutant l'orchestre. Soit tu vas le rejoindre directement pour lui demander s'il connaissait bien Melissa, soit tu demandes au barman des informations plus précises sur Giorgio.
Giorgio ne peut pas être PNJisé

Tim Drake

Ivan est un type bien, lorsqu'il ne boit pas trop. Motard endurci, il fume, il se drogue et il embête souvent les jolies filles en sifflant sur leur passage. Il a fait de la prison aussi, sauf que là, comme il dit, il est réglo.
Réglo, pour lui, c'est tuer personne, même quand on est grave en colère, et frapper pas trop trop fort mais un peu quand même. Réglo, c'est aussi être un indic, pas de la police -faut pas exagérer- mais d'un justicier. Un gamin limite encore en couche mais qui lui cherche pas des noises : Red Robin. Il a déjà renseigné le môme notamment sur un petit gang d'Hell's Angels, et sur quelques trafics de drogues. En échange, il a la paix, et lui, il accepte de pas se faire remarquer.
Sauf que là, il a un gros problème qui lui pèse grave sur son petit cœur de poulet. Il a perdu un ami, le seul qu'il avait...
Donc, faisant marcher sa cervelle légèrement brûlée aux amphets, Ivan a décidé de faire appel à Red Robin, un prêté pour un rendu, et puis son boulot bénévole au môme, c'est bien sauver les gens, non ? Hé ben voilà !
Il lui a donné rendez-vous dans leur ruelle habituelle, et tente maladroitement d'expliquer son histoire entre deux gros sanglots bien tristes et un barrissement d'éléphant dans son mouchoir crasseux. Ouais, il ne fait pas semblant, ouais, son monde s'écroule.

 »Mon Perroquet ! »

Le meilleur -et seul- ami d'Ivan est un animal. Un oiseau qu'il a récupéré justement après la descente des flics, de Batman et de Robin, chez les Hell's Angels. Entre eux, une grande histoire d'amour, le perroquet étant le seul qui ne lui hurlait pas « ta gueule ! », lorsque complètement aviné, Ivan braillait des chants russes patriotiques.

 « J'ai voulu lui montrer les égoûts, il y a des coins sympas pour fumer, t'vois ? Sauf que le temps que je le pose, que je regarde mon chemin sur la carte et que j'me retourne, l'était plus là!T'vas le retrouver hein, hein, hein ? Non-assistante de personne en danger sinon ! Ouais j'ai commencé à prendre des cours par correspondance pour devenir avocat. Disent que pour Gotham, j'ai le niveau, ils croient en moi, et Dostoïevski aussi il croyait en moi ! »

Le premier nom du perroquet étant Coco, Ivan a préféré le renommer avec un plus à son goût. Red Robin est au courant de l'histoire des enlèvement, du corps retrouvé, de tout cela. Si Nightwing l'appelle à l'aide, il ira le rejoindre, en attendant chacun son territoire, chacun sa mission. Retrouver ce foutu piaf peut être un bon moyen pour reprendre confiance en soi après ses déboires identitaires concernant Red Robin, non ?

Deux choix s'offrent à toi :

Choix n°1
Fergus l'écossais a récemment été libéré sous caution, c'est lui l'ancien propriétaire de l'oiseau. Il vit dans un des taudis de Gotham, dans Crime Alley, en compagnie de ses groupies adeptes du cuir, de la sueur masculine et des bad boys les traitant en bonniche. A-t-il récupéré l'oiseau, faut-il lui rendre visite ?

Choix n°2
Ivan dit avoir perdu le perroquet dans les égoûts, est-ce que la piste mérite d'être remonté ? Il peut y avoir des indices quant à un possible kidnappeur ou bien un rat monstrueux bouffeur de perroquet ? L'endroit indiqué par le russe est souvent hanté par des gens loqueteux n'ayant pas d'autres endroit où vivre, certains pourraient avoir envie de l'attaquer au couteau par simple plaisir...

Il y avait des jours comme ça où être flic à Gotham n'était pas vraiment une sinécure. Et des jours où l'on se sentait particulièrement impuissant. Et ces jours là, Dick se disait qu'heureusement que son boulot de nuit était là. Sortir en tant que Nightwing devenait une nécessité pour ne pas se laisser miner par les crimes plus odieux les uns que les autres. Cela faisait un moment qu'il suivait ces enlèvements mais tellement d'affaires requéraient son attention... Désormais, il en faisait une affaire personnelle. Découvrir le corps de cette pauvre jeune femme l'avait littéralement retourné. Il ne pouvait pas faire quoi que ce soit d'autre que de se battre pour retrouver les autres. Avec un peu de chance, elles seraient encore vivantes. Non, elles devaient l'être.

Une fois son service terminé, Dick rentra chez lui et ne prit pas une seule minute de repos avant d'enfiler son costume. Déjà la nuit tombait sur Blüdhaven. Son secteur. Sa responsabilité. "Pas de commentaires". "Nous ne pouvons dévoiler de détails sur une affaire en cours". "Nous faisons tout notre possible pour faire avancer l'enquête". Il avait répété ces phrases toute la journée. Maintenant, il pouvait tomber le masque du policier et enfiler celui du vigilant. Et faire avancer réellement cette enquête.

Le policier de garde était seul. Risible. Comme si les gosses du coin ne connaissaient pas tous les passages du parc, comme si cela allait empêcher les petit dealers du coin de continuer leur business. Il n'avait guère d'espoir pour la scène de crime, elle serait sans doute déjà bien trop polluée, ses collègues s'en étaient assurés. Et puis, le GCPD avait quand même des ressources, Dick ne doutait pas qu'ils finiraient par trouver ce qui devait être trouvé. Il finirait par mettre la main sur le rapport même s'ils finiraient peut-être par passer sans voir l'élément important. Ce qui préoccupait Dick finalement ce n'était plus tant la victime, il n'y avait plus grand chose à faire pour elle, mais plutôt son itinéraire. Si Dick réussissait à remonter le courant, peut-être réussirait-il à retrouver les autres filles. Et le temps pressait. Si personne n'avait vu une jeune femme et quelqu'un entrer dans le parc à bord d'une voiture, ils étaient sans doute venus à pied, et ne s'étaient pas fait remarqué... A moins qu'ils aient emprunté d'autres voies. D'autant plus que sans le rapport d'autopsie, la jeune femme aurait pu être déjà morte, ou lourdement droguée pour être amenée sur les lieux.

Dick fit apparaitre les plans du quartier et notamment des égouts. Si le meurtrier avait pu rentrer et sortir du parc sans se faire remarquer, peut-être était-ce parce qu'il avait emprunté le réseau d'égouts ? Il aurait ensuite pu se mêler à la foule de badauds. Les flics doivent déjà essayer de recouper les caméras des alentours pour trouver un indice, inutile de creuser de ce côté là, s'il devait être constructif, autant enquêter là où les flics ne travaillent pas déjà et se reporter sur ces pistes une fois que les siennes se révèlent être des impasses ou s'ils ont des résultats. Pas que Nightwing apprécie particulièrement les égouts, surtout quand on sait ce qui y traîne. Après un rapide coup d'oeil à sa carte, il se dirige vers l'extrémité opposée du parc, plus proche aussi de la bouche d'égout à proximité du lieu du crime. Difficile de traîner un corps dans les égouts, mais tout aussi difficile de l'amener sans être remarqué par l'une des entrée du parc...

Nightwing escalada sans difficulté aucune les grilles du parc, sans bruit. Il aurait pu envoyer un de ses darts à destination du flic mais il a l'intention d'être rapide et discret. Trouver une bouche d'égout, y descendre, ni vu ni connu. Bien qu'il en garde un à portée immédiate, il espère ne pas avoir à s'en servir. Arrivé enfin à destination, Dick examina la plaque à la recherche d'indice, rapidement, avant de s'y glisser le plus discrètement et silencieusement possible. Activant la vision nocturne, Dick examina les alentours, à la recherche de tout indice susceptible d'appuyer sa théorie, faisant fuir devant lui quelques gros rats bien gras, portant machinalement son regard vers l'endroit d'où ils émanaient.

Dick eut un mouvement de recul par pur dégout. A ses pieds, un cadavre déchiqueté, comme par un animal. Prenant sur lui, Dick s'agenouilla et examina ce qu'il restait d'un gars de la maintenance des égouts au vu de son uniforme en lambeaux. Ce n'était pas uniquement l'oeuvre des rats, l'homme semblait véritablement avoir été attaqué par une bête sauvage qui l'aurait déchiqueté. Mais des bêtes sauvages dans les égouts de Blüdhaven ? Dick n'avait jamais entendu parler d'une telle chose. Oh, bien sur, il voyait tout à fait ce qui aurait pu faire ça... Mais Blüdhaven était loin du terrain de chasse de Croc. Et surtout, quel rapport entre cet homme déchiquetée et la jeune femme au dessus ? Dick continua d'examiner le corps, à la recherche d'une identité, d'un indice qui pourrait expliquer ce qu'il faisait là, avant de se remettre à fouiller les environs pour trouver quelques indices qui pourraient relier les deux affaires. Et avant tout, pour être sur que la jeune femme avait été amenée par les égouts jusqu'à la scène de crime : traces de sang, bout de tissu, peut-être une empreinte fraîche ?

A force de les voir, elles, elle avait finit par ne plus pouvoir s’apercevoir, elle. Le matin dans la glace, le soir sur ses photos de famille. Partout son visage lui rappelait que cette nuit, six femmes ne pourraient pas aller au lit, chez elle, tranquillement. Tragiquement, elles avaient du avoir son age, sa corpulence, certaines même, ses anciens hobbies. Tout ceci n'aidait pas et Barbara aurait aimé ne pas réussir à se trouver des points communs. Mais comment ne pas le faire ? Ces derniers jours, la reconnaissance faciale tournait non-stop, monopolisant une grande partie de son réseau, le visage figé en un sourire certainement passé de ces jeunes femmes qui manquaient à l'appel à Gotham. Comment ne pas se sentir proche de ces visages qu'elle voyait tous les jours, jusqu'à réussir à remarquer les petits détails ; La petite ride précoce au coin des yeux, elle devait sourire beaucoup ; le grain de beauté sous l'oeil droit qui donnait un air ancienne beauté des années 50... ; un plis sur le nez qui semble apparaître seulement quand elle sourit... Tout ceci l'avait bien tourmenté et à présent elle avait une piste. Une piste qui avait coûté du sang.

Pianotant sur son ordinateur, elle tressaillit quand son ordinateur bippa, le rapport du légiste ayant été envoyé à son supérieur, et par incidence à Oracle qui avait laissé un mouchard dans le réseau de la morgue. Elle lut en diagonale le rapport et se cala sur son fauteuil, pensive. En tête, Nightwing qui, elle le savait, bossait là dessus. En flic ou en Nightwing, l'un des deux devait certainement avoir un œil sur cette affaire. Ouvrant son programme de contact, elle envoya en fichier joint le rapport ainsi qu'un mot « Black Mask, des infos sur eux ? ». Elle n'avait pas envie que Nightwing ou Dick arrive au même moment lorsqu'elle serait dehors, entrain de mener sa propre petite enquête car oui, elle allait se rendre à ce bar. Le risque dans ces cas là, serait qu'elle passe pour une menace, mais paralysée en chaise roulante, c'était la bonne planque : comme si, avec les jambes, on lui avait prit l'ouïe et la vue. Les cul de jatte, c'était des ptos de fleurs.

Arrivant devant le bar, elle se rendit compte en grinçant des dents qu'un panneau « Pull » venait juste de lui rendre l'accès au bar plus difficile : impossible, en chaise roulante, d'ouvrir une porte en tirant. Les lois de la physique ne lui permettait cet exploit au prix d'une disposition des lieux précise et irréprochable qui n'était pas présente dans ce cas précis. Il fallut qu'elle attente deux bonnes minutes avant que quelqu'un ne sorte et accepte de lui tenir la porte. Une fois à l'intérieur, l'idée d'interroger le barman lui vint tout de suite à l'esprit. Barbara le trouva finalement quand il sortit du bar, chercher quelques verres, et revint, en haut de sa tour de bois. De son point de vue, ne dépassait que sa tête. Après quelques coups à boire payés, il lui indiqua lascivement le patron du bar. Mais pour le moment, Oracle ne pouvait se permettre de s'imposer ainsi. Elle continua donc sa conversation. « Et il fait même pas une petite soirée pour Melissa Jones le patron ? C'était une connaissance, elle travaillait bien ici nan ? » savourant son cocktail en tentant d'essayer combien la vision de cette rouquine en chaise roulante posant son verre multicolore sur son accoudoir devait être ridicule...

Cela fait bien longtemps que Red Robin n'a plus été de sortie, mais ce soir... Ce soir il est question d'un retour d’ascenseur. J'ai toujours été quelqu'un de loyal, peut-être parfois trop, mais le fait est que je suis fidèle dans mes “collaborations”. Je réponds toujours lorsque l'on m'appelle pour une urgence nocturne. Ou plutôt, lorsque la présence du masque est requise. Foutue manie d'agir par devoir. Mais pour qu'Ivan en vienne à demander de l'aide à Red Robin, c'est que pour lui, un grain blanc se prépare. Je m'attends à tout. Se serait-il frotté à plus fort que lui ? Aurait-on apprit qu'il me fourni de précieuses données ? Une information urgente à me faire parvenir ? Lorsqu'au milieux de son flot de jérémiades et de morve je comprends enfin de quoi il retourne, je bloque, interdis. Un perroquet ? Il m'a fait venir pour une saloperie de canard à l'orange en sursis ? C'est une blague ?! Il se fout de moi ?!

« C'est une plaisanterie ?! » Je suis loin de rire. Red Robin n'est pas sorti depuis des semaines et quand on le demande, c'est pour un poulet bariolé. Mon pouce et mon index passent sur mes yeux simultanément. Violence sur animal de compagnie crétin. Soudainement, j'ai envie de l'étrangler jusqu'à ce que ses yeux sortent de leurs orbites. Une grande inspiration s'en suit. « C'est bon, je vais te le trouver ton piaf s'il a pas été plumé. » Fais-je en grognant presque.

Ce coup-là a intérêt à rester entre lui et moi. J'en entends déjà m’appeler Brigitte ou SPA... Et comme un idiot, moi je dis oui ! À croire que j'aime ça. Bête comme mes pieds. Voilà ce que je suis. Sortant mon ordinateur de poche, je commence à pianoter dessus. Je me souviens qu'Ivan m'a dit que sa maudite pintade appartenait à Fergus. Une consultation de fichier m'indique qu'il vient de sortir de prison et où il supposément il résiderai : Crime Alley. Je vois mal la dinde abandonner la promesse certaine d'une auge pleine de graine pour retrouver son nouveau propriétaire, à moins que ce dernier pour sa fraîche sortie ai décidé de ramper dans la mélasse, ce dont je doute fortement. Ce n'est pas le genre de la “maison”. Quelque chose aura certainement effrayé le volatile qui doit encore se trouver en bas. Terrorisé, l'animant aura tenté de se réfugier quelque par. J'espère simplement que ledit “quelque chose” est soit parti, soit ni trop gros, ni trop denté, et si éventuellement il pouvait ne pas avoir mangé le piaf...

Ivan m'indique sur le plan de mon ordinateur de poche l'endroit exacte où son poulet l'a abandonné. Le point de départ “parfait” pour commencer mes recherches et si d'aventure c'est Fergus qui l'a, je devrai trouver quelque chose qui me le démontrera. C'est dépité que je rejoins la bouche d'égout la plus proche du lieu où il a perdu son futur poulet rôti. A peine ai-je ôté la plaque obstruant l'entrée que les effluves malodorantes des égouts me piquent les parois nasales. C'est une infection. En dessous, toute la merde de Gotham. Au propre comme au figuré. Ce qu'il faut pas faire...Trop tard pour reculer, je lui ai déjà dit oui. Un soupire quitte mes lèvres et je m'engouffre dans les intestins de la ville... Si je pouvais juste ne pas y être digérer.

La mélasse jusqu'aux chevilles me tire une grimace de dégoût. Je fronce le nez sous la puanteur. Je ferme les yeux cinq secondes pour les ouvrir de nouveau afin de les habituer à l'obscurité. Ici et là, ça grouille de rats effrayés par mon intrusion. J'avance et chaque pas soulève une nouvelle effluve malodorante qui m'en donnerai presque la nausée. Quelques minutes suffisent à me faire arriver au fameux endroit où Ivan à égaré sa bestiole. J'observe avec attention autour de moi et tombe sur une plume. Soit dans sa fuite, le poulet rôti l'aura perdu... Soit... Regard circulaire. Il a été attaqué. J'entreprends des recherches pour trouver un indice. Tout ça pour un piaf bariolé...

Dick devait bien avouer que les choses devenaient de plus en plus ragoutantes. Le corps de la jeune femme n'avait pas été agréable à voir, mais là... Là ça en devenait franchement dégeu. Le pauvre gars était bien amoché sans qu'il n'ait besoin de se mettre à s'agiter à en faire se détacher ses extrémités. S'il n'avait pas eu la chance de voir pire, Dick aurait vomit son maigre dîner. Malheureusement, ce n'était pas une première. Dick se pencha pour examiner un instant l'annulaire. Une alliance y était encore attaché. C'était le genre de détails qui assombrissaient Dick. Une famille attendait cet homme, quelque part, et s'inquièterait sans doute de ne pas le voir rentrer... Et lui, qui l'attendrait ? Qui remarquerait si ce soir il ne devait pas rentrer ? En son for intérieur, Dick se promit de signaler au plus vite dès que cela ne serait pas dangereux pour lui, de contacter la police, afin de faire en sorte de ne pas laisser plus encore s'abîmer le corps. Dans les ténèbres, Dick voyait déjà briller d'impatience les yeux des rats de Blüdhaven.

Dick essayait de sortir ces pensées de sa tête lorsqu'il reçut un message d'Oracle. Elle venait de lui transmettre le rapport d'autopsie. Parfait, c'était toujours ça de plus. D'autant que quelques informations pouvaient lui être utiles, notamment que la jeune femme ne s'était pas débattue. Si elle était restée inconsciente ou droguée, il aurait été plus simple de la transporter dans les égouts, sa piste pouvait de plus en plus tenir le coup. Toutefois, son message par rapport à Black Mask le laissa perplexe. A priori rien ne pointait dans cette direction, mais ce n'était pas à exclure. Peut-être Oracle avait-elle une meilleure piste ? Dick lui répondit rapidement, sans chercher à la contacter via com-link. Il doutait que le message s'envoie et préférait ne pas attirer l'attention en parlant à voix haute dans les égouts. « Merci O. J'y travaille, pour l'instant rien de concluant. Je prends contact si j'ai du nouveau ou de quoi le relier à Black Mask. »

Dick ferma son communicateur avant de reporter son attention sur le cadavre. Il ne put toutefois rien en tirer, bien qu'il pu estimer que ce qui l'avait attaqué devait être proprement titanesque vu l'importance des lacérations. Dick se détourna rapidement du cadavre, il n'y avait pas grand chose à en tirer, et s'intéressa à son environnement. En furetant bien, espérant relever des empreintes qui identifieraient l'agresseur, Dick finit par tomber sur quelque chose qui lui fit hérisser les cheveux. Un bout de tissu. Généralement, il n'y avait pas tellement à tirer de quelques fibres, voir de quelques bouts de chiffon. Parfois, avec chance, des empreintes partielles, des odeurs mais rien qui n'identifie clairement leur ancien proprio. Mais celui là en disait plus long.

Dans sa main, le bout de tissu était d'un violet sombre bien caractéristique. Celui du Joker. Dick bouillonnait de l'intérieur, si c'était le Joker dont il avait retrouvé la trace... Il se retint de jubiler d'impatience. Entre le clown et lui, certaines choses devaient encore être réglées. Dick ne voyait que le Joker et il lui fallut quelques secondes avant de s'obliger à ne pas voir uniquement ce qu'il voulait. En examinant bien le morceau de tissu, il dut se rendre à l'évidence. C'était là du coton teinté de type plus indien que ce que portait d'ordinaire le Joker. Mais personne ne portait de violet à Gotham ni à Blüdhaven, c'était une couleur qui n'était quasiment pas vendue du fait du rapprochement avec le Joker jusqu'à devenir même un symbole de mauvais oeil.
Mais quelque chose lui vint en tête. Il était tombé il n'y a pas si longtemps sur des ouvriers pakistanais qui travaillaient au noir à l'Opéra de Gotham en temps que petites mains pour les costumes. Porter du violet, en dehors du Joker ne pouvait être que le fait de récents immigrés. Peut-être trouverait-il des réponses là-bas ? C'était une idée à noter, bien que Dick préférait pour l'instant suivre la piste des égouts, essayer de retracer l'itinéraire des dernières heures de la jeune femme ou de retrouver ce qui avait attaqué l'homme.

Dick sentait qu'au fond, les deux affaires pouvaient tout à fait être reliées. Un gars qui s'occupait de la maintenance serait-il tombé sur celui qu'il recherchait et qui avait amené jusqu'à son calvaire la pauvre jeune femme ? C'était plausible, et Dick décida de persister sur cette piste. Toutefois, Dick fut coupé dans ses pensées par un bruit sourd accompagné de longues secousses qui firent fuir les rats... Et tout bon Gothamite qui se respecte a apprit à survivre en faisant comme les rats... Dick esquissa un pas en arrière avant de s'éloigner au plus vite alors que les lieux se mirent à vibrer de tous les côtés. Des mugissements sourds s'élevèrent et Dick comprit que c'était le métro au dessus... A moins que ce soient les mugissements de celui qu'il cherchait ? Son imagination lui jouait des tours, mais Dick fut plus préoccupé d'éviter de se laisser ensevelir que de se focaliser sur des bruits bizarres : devant lui, un éboulement bloquait à présent les égouts. Sa piste semblait s'envoler. Lorsque la poussière fut retombée, Dick s'approcha de l'éboulis. Définitivement bloqué. Il devait sortir de la et rapidement s'il voulait éviter de se faire voir sur les lieux du crime.

Mais alors que Dick se dirigeait vers l'accès qu'il avait emprunté, un bruit le retint quelques secondes. Un phonographe jouait de la musique de l'autre côté de l'éboulis ? C'était étrange... Et cette chanson, vieille chanson, classique, tellement que Dick n'arrivait plus à mettre le doigt sur le nom de la chanteuse. Intrigué, Dick continua et sortit des égouts. Rapidement, il s'éloigna de la scène pour rejoindre l'accès au métro le plus proche. Si la ligne passait au dessus de l'endroit où il se tenait tantôt, peut-être pourrait-il accéder de l'autre côté de l'éboulement, continuer de suivre sa piste et trouver d'où venait cette musique et ce qu'elle avait à faire là. Il devait la suivre tant qu'elle n'était pas refroidie. L'éboulement était peut-être un véritable accident, mais... Cela faisait un peu trop de coïncidences.

Dick se glissa discrètement dans les tunnels du métro. A cette heure ci, les trains ne circulaient guère plus entre Gotham et Blüdhaven, mais ils n'en restaient pas moins peuplés. Dick avait horreur de s'y rendre, même s'il y trouvait généralement les infos intéressantes. Cela restait un lieu dangereux et il se tint plus encore que d'ordinaire sur ses gardes alors qu'il progressait dans les tunnels, guidés par sa mémoire vers les lieux. autour de lui, des silhouette,s des ombres. Les locataires de ces vieux souterrains regardaient passer Nightwing, certains grommelant alors qu'il passait près d'eux. D'autres, ivres morts, étaient étendus dans les coins et les niches de sécurité. Blüdhaven faisait peine à voir, mais sous terre c'était pire encore, au point où parfois, on ne distinguaient plus ceux qui cuvaient de ceux qui commençaient déjà à être grignotés par des rats. Des murmures, des imprécations sur son passage, mais Nightwing n'y accordait pas d'importance, il n'était pas là pour ça ce soir. La plupart l'ignoraient même totalement, se contentant pour certains de le regarder passer d'un oeil vitreux. A quelques pas de lui, une bouteille de whisky vide s'écrasa, peut-être avait-elle été lancée délibérément, il s'en fichait presque. Il n'était que de passage. Pour la plupart il ne serait qu'un vague souvenir.

Enfin, certains en avaient décidé autrement. Soudain il entendit une respiration rauque dans son dos et se baissa d'instinct pour éviter une nouvelle bouteille qui s'écrasa sur le mur tout proche au lieu de s'écraser contre sa nuque. Demi tour, Nightwing fut sur son adversaire. Une clé de bras, et il l'immobilisa avant de le neutraliser en gardant la pression sur son cou. Il se réveillerait rapidement, mais Nightwing serait déjà loin. Une fois la démonstration achevée, personne ne l'empêcha plus de continuer sa route, jusqu'à pouvoir déceler de nouveau la musique et approcher de sa destination.

Le barman servait cocktail sur cocktail, que Barbara essayait de boire le plus lentement possible. Même si elle était incapable de tituber, elle voulait garder son esprit le plus clair possible. Son pragmatisme habituel ne l'empêchait pas de souffrir aussi des méfaits de l'alcool. Et si elle ne tombait pas souvent quand elle était sous son emprise, la rouquine n'était pas insensible à ses effets. Alors qu'elle parlait de la victime avec le serveur, le patron s'approcha pour manifester son aigreur possiblement motivée par l'absence de sa bien aimée même si Barbara avait du mal à imaginer cet homme être romantique ou élégant avec une demoiselle... La manière dont il qualifia la victime montrait ou bien un manque criant de sympathie à son égard ou alors une colère amer qu'il tentait de noyer sous des flots et des flots d'éthanol. Il s'éloigna à pas lourds et elle écouta attentivement ce que disait le barman en sirotant doucement son cocktail. Lors de l'entrée d'un gros vicelard avec deux escortes à chaque bras, le barman s'éclipsa, laissant le champ libre à Oracle pour creuser ses suspicions. En faisant attention que le patron ne la voit pas, elle s'éclipsa vers les toilettes pour finalement prendre l'ascenseur et monter à l'étage.

L'appartement n'était pas à son goût, c'était le moins que l'on puisse dire. Un mélange de décorations qui n'allaient pas du tout ensemble mais dont le prix, par contre, devait être en accord avec tout ce qu'il y avait autour : un appartement pour frimer et impressionner les bas criminels. D'un côté, des bibelots, tous identiques. Oracle doutait fortement que ce bon monsieur nourrisse une passion dévorante pour ce genre de petites statuettes et elle était très au courant des trafiques et de leurs formes à travers la ville. Elle prit en photo les bibelots si d'aventure elle venait à les retrouver quelque part. S'approchant de la commode où était la photo encadrée de la victime, elle prit note que le patron était vraiment bien attaché à celle qu'il qualifiait de « pute » finalement, au moins pour avoir envie de voir son visage quand elle n'était pas là. Enfin, elle s'esquissa dans la chambre pour noter dans un coin de sa tête que la jeune fille avait l'air d'être assez loin de ses habitudes avec tout ces tailleurs et ces vêtements classes qui dénotaient avec la réputation qu'elle laissait dans son sillage. Peut être, certainement même, des cadeaux du patron de bar. Ou bien il essayait de la faire passer pour ce qu'elle n'était pas et dans ces cas là, ça indiquait qu'il aimait bien la « montrer » plus que la « monter » ou alors, ils étaient plus proches que ce qu'Oracle avait pensé. Enfin dans la salle de bain, saisissant le petit bâton en plastique, elle fronça les sourcils... Ca pouvait éventuellement être un motif de désarroi profond auprès du patron, ou alors la cause de sa disparition encore. Elle laissa ceci en plan, photographiant plus pour ses petits dossiers que pour sa mémoire et redescendit comme elle était venue, s'esquivant hors du bar, ayant pas mal d'informations à décanter pour la journée.

Autour des dessins menaçants. Je redouble de prudence. Je ne pensais pas ce soir faire autre chose qu'un allé et retour. Les lieux n'ont rien d'accueillant et cela empire lorsque mon regard se pose sur les rongeurs autour. Les rats... Ce que je peux ne pas les aimer ceux-là. Si les domestiques ne me dérangent pas, ceux qui grouillent et font la taille d'un caniche... Je suis sûr qu'ils attendent juste de me refiler une cochonnerie. Voir les grosseurs sur leur corps me fait presque pitié pour eux, mais surtout, je note qu'il est temps de faire quelque chose pour toutes ces cochonneries balancées ici. L'un d'eux tente même de me grimper dessus et c'est avec un écoeurement intérieur que je l'incite à partir très vite et très loin de ma jambe.

Le tunnel se resserre. Je sens que je vais finir par devoir ramper dans la mélasse. À chaque fois que je mets les pieds dans un conduit, je finis par y ramper. Avec ma veine, je vais finir avec un troisième bras ou par contracter je ne sais quel saloperie. Si je me retrouve avec des pustules sur tout le corps, je perroquet, je lui arrache la tête de mes mains. Attentif à ce qui m'entoure, un frisson me parcourt lorsque je devine ce qui fut un jour un être vivant. Ils l'ont bouffé... Je suis sûr qu'ils l'ont bouffé... Je grince des dents, impatient de partir d'ici. Je ne sais pas ce qui l'a eu et je ne suis pas certain de vouloir le savoir. Je n'ai pas le temps de m'attarder sur cette vision de mort qu'un son assourdissant attire mon attention. Interdit, je cherche à comprendre son origine et sa provenance, mais déjà je ne suis plus le seul bipède ici.

Trois hommes se tiennent face à moi. Je cherche à leurs tatouages un début de piste pour les identifier mais le verdict tombe : ils ne sont pas là pour m'offrir une douche. Ou alors si, les chevilles dans le béton et dans les horreurs d'Axis Chimical uniquement. Je repère aussitôt les poings américain et la matraque du troisième. Ils ne sont quand même pas là... Juste pour un oiseau... Il y a autre chose... Ne me dites pas qu'un piaf peut engendrer ça... C'est pas possible... C'est une blague... Dick a organisé un truc pour me remonter le moral, il va se pointer là maintenant et se marrer parce qu'il m'aura bien eu... Mais non. Pas de Nightwing.

Une pluie battante de coups s'abat en mêlant désordre et violence. Je pare autant que j'envoie, recevant bien moins, heureusement pour moi, mais douloureusement malgré tout. Ils sont certes plusieurs sur moi, mais rapidement je constate qu'ils se gênent les uns les autres. Je m'engouffre dans la brèche. Aidé de mon bô, j'envoie mon pied au visage de l'homme le plus proche. Un bref regard parmi les ombres – foutu réflexe – toujours personne. Mais que diable attend-il ? L'un de nous doit-il y rester pour qu'enfin il daigne revenir ? La colère se fait envahissante lorsque dans un craquement sourd, mon bâton rencontre une mâchoire. « Mais quand vas-tu enfin te montrer ! » Ai-je rugi en envoyant mon coude dans l'estomac de l'homme qui arrivait par derrière. Je ne fais pas dans le détail et ne retiens pas mes coups, trop de colère m'anime et Bruce n'en est pas le seul destinataire. Autant en “profiter” pour “évacuer”. D'ailleurs se donnent-ils seulement la peine de se retenir ? À en juger par leurs coups, assurément non. Dire que tout ça a commencé à cause d'un piaf... Dire que j'ai accepté de ne plus patrouiller qu'en présence de Dick... Que je comptais simplement faire un allé et retour pour Ivan... Et maintenant le dernier. J'esquive ses coups, m'abaissant et l'attire en reculant. Je veille à rester hors de portée et l'attire à moi jusqu'à une corniche où des rats particulièrement “purulent” le surplombent. Un coup de bô et les rongeur lui tombent sur le visage. L'homme jure, rage, les bestioles le griffent, se défendent, mordent. J'en profite pour lui envoyer mes poings encore et encore, jusqu'à ce qu'il s'étale de tout son long, le visage près des restes du corps – ou plutôt de ce qui fut un jour un corps.

Le souffle court, je tire de ma ceinture des rilsans et commence à attacher les mains dans le dos du dernier à terre. Je veille à lui tirer la tête de la mélasse histoire qu'il ne se noie pas. Je réserve le même sort aux deux autres et bien sûr, le me débarrasse plus loin de leurs armes. L'adrénaline et la colère qui étouffent la douleur de certains coups reçus. C'est vraiment pas ma soirée.

Lorsqu'après m'être occupé des trois types je m’apprête à reprendre mon avancée, une douleur me déchire la jambe. Mon cri n'a pas le temps de s'échapper que la chose c'était refermé sur mon membre m'entraîne sous l'eau souillée, me faisant par la même lâcher mon bô. Aucune inspiration de prise, je manque de m'étouffer tandis que de mon pied de libre, je tente de frapper ce qui me tient et me traîne pour être lâché et retrouver de l'air. Aucun succès. Je n'ai pas encore identifié de quoi il retourne, mais je n'ai qu'une chose à l'esprit, de l'air et vite. Bientôt, l'oxygène me manque et étrangement, la « chose » me permet de respirer. J'en suis certain, c'est délibéré de sa part. Mes poumons vont exploser et lorsqu'enfin je parviens de nouveau à respirer, je recrache par la même le liquide avalé lors de l'assaut surprise. Du regard, je cherche tant un moyen pour fuir qu'à identifier le danger. Un rapide coup d'oeil à ma jambe... Là voilà bien amoché. Faut que je la sorte de là et la rince, la désinfecte et vite. Des écailles... Je ne distingue qu'une masse, mais déjà je sais que face à sa force, je n'ai aucune chance. Il va falloir trouver autre chose.

Pas le temps de chercher, déjà la « chose » renouvelle son attaque mais étrangement, ne me tue pas. Elle me donne presque l'impression d'agir comme certains prédateurs qui cherchent à épuiser leurs proies avant de les manger. Prédateur ? Egouts ? Et me voilà déjà traîné de nouveau malgré mes tentatives pour le faire me lâcher. Cette force... Killer Croc. C'est bien ma veine, maintenant il est clair que si je n'utilise pas ma matière grise, je ne m'en tirerai pas. Mais que fait-il ici ? Pourquoi ne m'a-t-il pas encore tué ?

Sa voix s'élève et la menace tombe. Je ne la prends pas à la légère, il est tout à fait capable de briser chacun de mes os en un minimum d'effort. Séparé de ma ceinture, je termine balancé dans une cage. Un grondement sourd de douleur est étouffé et l'espace d'un instant, lorsque je distingue de quoi sont formés les barreaux, mon sang se glace. Je ne tiens pas à finir comme « composant » de ma « cellule ». L'autre s'occupe de ma ceinture, il ne me surveille pas et j'évite tout regard vers ce qu'il mange pour ne pas vomir. Seul je n'ai aucune chance, c'est une évidence. Un regard autour de moi, une tentative de faire céder les ossements, je ne gagne qu'une douleur à l'épaule. Je dois faire attention aux silences et aux bruits.

Je finis par repérer de quoi réclamer des renforts. C'est la seule chose qui soit à ma portée. Je tends le bras, me contorsionne... Encore deux centimètres. Je pousse, force, cherche à m'étendre... Je calme ma respiration pour gagner encore et passer mon épaule – sans pouvoir passer autre chose – entre les barreau et enfin, j’atteins ma cible. Enfin l'appareil est entre mes mains. Je le cache dans mon dos tout en activant la fonction d'appel. Nightwing pourra suivre le signal pour me localiser et entendre tout ce qu'il se passe ici. Du moins, si l'appareil n'est pas trop endommagé. Je ne me résigne cependant pas à finir dans l'estomac de ce monstre, et je dois faire savoir à mon frère de quoi il retourne ici.

« On t'a chassé de ton territoire Killer Croc ? » Fais-je tant pour connaître les raisons de sa présence ici que pour signaler qui est avec moi. « Me dis pas que toi aussi tu cherches un foutu perroquet... »

Je dois essayer de faire entendre à Nightwing un maximum d'éléments pour qu'il évite toute surprise. Je me laisse retomber au fond de ma cage, je fais mine d'être résigné à ma condition, pourtant, il n'en est rien. Il me faut du temps et des informations, ce que je cherche par la même à obtenir.

Peu à peu, suivant la musique, Dick se retrouva dans des lieux familiers qui le firent frémir et saisir ses bâtons d'eskrime. Sur ses gardes, il constata vite qu'il entrait sur le territoire de Croc, Killer Croc, qui était actuellement libre. Les murs d'Arkham ne réussissaient généralement pas à le retenir... Et au fur et à mesure qu'il approchait l'ancienne station qui lui servait de repère la dernière fois qu'il en avait été au courant, la musique se faisait plus présente, plus forte. Dick s'interrogeait, pourquoi Croc aurait-il installé un vieux phonographe dans son repaire ? Il n'avait jamais été très mélomane dans l'âme pour peu que Dick s'en souvienne, et n'était pas du genre à mettre à l'aise ses victimes. Nightwing arriva sans encombre à l'ancienne station, et constata avec soulagement que non seulement il était toujours vivant, mais qu'en plus, Croc semblait avoir abandonné les lieux. Ils étaient désormais désert, et seul la couleur des murs gardait la trace des atrocités qui y avaient pris place. Plutôt qu'un ossuaire empli de carcasses pourrissantes, Nightwing se trouva face à quelque chose qu'il n'aurait pas imaginé à cet endroit. Un petit autel a en effet été installé, avec son parfum doucereux, ses fleurs, et le phonographe qui finit par tourner dans le vide. En passant, Dick l'éteignit et s'approcha pour examiner de plus près l'autel. En pénétrant dans le petit sanctuaire improvisé, il réalisa néanmoins qu'il n'était pas seul. Dans un coin, un perroquet ne cessait en effet de répéter un mot... Non, un prénom. Harley ? Le prénom lui fit froid dans le dos. Il savait que bien des filles à Gotham avaient été nommées Harley, mais ce fut une Harley en particulier qui lui vint à l'esprit. Stupide, il n'y avait sans doute rien à voir avec Harley Quinn. Toutefois, quelqu'un avait du venir le nourrir et lui donner à boire. Dick garda ses distances, non qu'il craignait un piaf mais s'il pouvait éviter de hurler et de signaler sa présence, cela l'arrangerait.

Sa piste semblait bien refroidie et il n'arrivait pas à relier l'effondrement de la galerie au dessous, le meurtre de la jeune femme, et la transformation du repaire de croc en chapelle improvisée. Dick inspecta toutefois le sol, relevant une empreinte dans la poussière. Calculant rapidement il ne put rien en tirer mise à part qu'il s'agissait d'une pointure 43, sans signe réellement distinctif. Il s'approcha ensuite de l'autel, l'examinant rapidement. Les fleurs ne lui apprirent rien, mais au milieu d'elles, une mèche de cheveux blonds semble être une offrande supplémentaire. Dick chercha une trace de rituel magique -il avait plusieurs fois pu être confronté à des cérémonies peu ragoutantes recourant souvent à des jeunes femmes comme celles qui avaient disparu, et délicatement récupéra un cheveu, dans l'espoir de le faire analyser. Il ne lui apprendrait probablement rien, s'il appartenait à une victime cela ne lui apporterait guère d'information mais peut-être pourrait-ce s'avérer utile. Harley, n'était-ce pas le prénom d'une des filles disparue ?

La piste était bien froide, et s'il était tombé sur cet endroit il n'en tirerait rien de plus. Toutefois, il lui restait une piste qu'il avait mis de côté le temps de tirer un trait sur celle là. Direction l'Opéra de Gotham. Il ne fallut pas si longtemps à Nightwing pour gagner le toit de l'Opéra et s'introduire à l'intérieur. Pendant quelques instants, il se fraya un chemin par toute la machinerie des décors, admirant un instant l'ambiance un peu solennelle qui lui rappellait toujours celle des églises. Restant discret -il savait bien qu'il y avait des gens qui rodaient à l'Opéra même en pleine nuit

Des souvenirs ressurgirent, des mauvais d'ailleurs pour la plupart mais empreints d'un lustre que le temps a rendu cher à son coeur. Malgré les coups, les blessures, la peur, c'était surtout le parfum des jours perdus qui flottaient ici. Combien de fois Batman était-il intervenu ici avec Robin à ses côté pour arrêter tel ou tel criminel qui utilisait l'opéra pour mettre en scène son méfait ? Bruce aussi l'avait amené à l'Opéra, mais Dick y était souvent plus allé pour faire plaisir à Bruce. Le spectacle n'était pas vivant comme au cirque, bien que certaines mises en scènes lui avaient rappelé sa première vie.

Descendant par les coulisses, Dick se dirigea vers le département des costumes. Si le tissu venait bien d'ici, peut-être retrouverait-il un costume du même violet récemment retouché ou avec encore un lambeau manquant... Il lui resterait à trouver qui l'avait porté. Et s'il ne trouvait rien, il aurait toujours la solution d'aller questionner les ouvriers eux-mêmes. Dick se mit ainsi au travail, allant de portoir en portoir, à la recherche de cette teinte bien particulière de violet...

Ni vu, ni connu, Barbara était retournée dans le bar sans faire de mauvaises rencontres. Elle avait prévu un taser et un gaz lacrymogène sur elle dans ces cas là, mais elle était assez satisfaite d'avoir pu farfouiller tranquillement sans être trop entravée par sa condition. La vie de Melissa était de plus en plus flou et sombre. Plus elle cherchait à en savoir sur cette jeune femme, et plus sa description devenait incertaine. Des trous, des pans entiers ne semblaient pas clairs et son chemin, qui auparavant semblait assez limpide et linéaire, étaient à présent un sentier tout juste tracé dans une forêt assombrie. Les pourtours de ses actions et de ses pas étaient à peine esquissés dans la terre, laissant les observateurs libres d'interpréter n'importe comment les indices qu'elle avait laissé derrière elle. La photo, le test de grossesse, les tailleurs, le patron de bar se noyant dans des effluves d'éthanol... On aurait presque cru que deux différentes personnes étaient rentrées et sorties de ces portes. Une fille de campagne qui voulait réussir et qui n'avait sur elle rien d'autre qu'une loyauté à acheter, et en sortant, une dame en tailleur avec un avenir éventuellement respectable dans la pègre. Pas vraiment ce qu'elle aurait cru étant petite peut être... Un peu comme Barbara qui n'avait jamais cru se retrouver clouée sur un siège, la vision abaissée à presque cinquante centimètres, devant attendre sur les autres pour accéder à des endroits où elle n'aurait eu aucune difficulté à accéder à une époque, pétant des bras et des jambes si nécessaire. A présent, tout ce qu'elle aurait éventuellement pu faire, c'était rouler sur des gens déjà à terre et leur décrocher un sacré mal de doigt (elle doutait que sa chaise roulante, bien que modifiée, puisse faire plus de mal que des hématomes ; pour éventuellement faire des dégâts, elle devrait peut être songer à prendre 100 à 200 kilos et armer ses roues de clous et de poignards rétractiles. Elle ne passerait plus vraiment inaperçu mais ça, c'était son lot depuis qu'elle ne pouvait plus marcher.

Alors qu'elle ressortit du couloir elle croisa le patron totalement pathétique affalé sur sa table à regarder sans vraiment voir une émission à laquelle Barbara n'aurait jamais fait attention auparavant. L'histoire et les monuments ce n'était pas vraiment son truc, sauf quand cela concernait une organisation obscure qui faisait des sacrifices horrifiques ou que les criminels s'amusaient à poser des énigmes farfelues pour qu'on mette la main sur eux. Certains espéraient presque qu'on les félicite d'avoir rendu le chemin jusqu'à leur planque aussi compliquée. Quelques fois, Barbara s'était fait la réflexion que, sans le vouloir, elle apprenait sans cesse des choses sur Gotham grâce aux criminels, un nouveau concept de tourisme ? Découvrez l'histoire cachée de votre ville natale en partant sur la trace d'un tueur en série fou... Le concept trouverait certainement preneur dans un endroit comme celui-ci, qui semblait attirer les plus dérangés et attiser les esprits les plus malveillants.

Alors qu'elle espérait que le patron ne la voit pas et ne lui adresse pas la parole, il lui déclara que son ancienne copine aurait pu présenter cette émission avec un autre journaliste qui avait apparemment aussi disparu avec Melissa. Fronçant les sourcils, Barbara s'esquissa comme si de rien n'était non sans essayer de repérer où le reportage se déroulait. Cet opéra elle y avait déjà été. Les présentateurs remplaçants avaient la même tête que toutes les autres personnalités qui passaient sur le petit écran : grand sourire et mine liftée. Melissa devait avoir ce type à peu près même si la photographie qu'avait Barabra datait un petit peu. En tout cas, le fait que les présentateurs aient déserté était quelque chose de bien étrange et la mention aux maladies mentales du collègue de la jeune femme fit tiquer l'informaticienne. Alors comme ça, ils recrutaient les malades sortis d'Arkham à la télévision ? Il fallait croire ou bien que ce type avait un charisme fou, ou alors ils manquaient de main d’œuvre. L'un dans l'autre, ce gars méritait bien un petit check-up niveau vie privée et dossiers médicaux. Rentrant rapidement (aussi rapidement que pouvait lui permettre sa chaise roulante) à la tour de l'Oracle elle lança une recherche sur l'émission diffusée pour découvrir que la diffusion initialement prévue avait donc été décalée pour cause de problèmes de personnel. Apparemment la disparition des deux présentateurs. De plus, l'émission, une fois dans la boite, avait été décalée pas mal de temps avant d'être enfin programmée... Certainement un coup des Black Mask qui n'avaient pas envie qu'on fouille dans leurs petits papiers si on découvrait qu'un de leurs gars se tapait la victime. En même temps qu'elle essayait de creuser les problèmes internes de la chaîne de télévision, l'ancienne Batgirl lança une recherche complète sur Jack Ryder allant de son extrait de naissance jusqu'à la dernière ordonnance que lui avait délivré son dentiste. Elle voulait tout et elle voulait surtout le croiser avec la vie de Melissa qu'elle avait déjà aussi listé dans un coin de ses ordinateurs avec le reste de ce qu'elle avait sur les autres victimes. D'ailleurs, elle décala l'ordre des portraits qui trônaient dans la pièce, Melissa était, d'après la date à laquelle le tournage de l'émission avait été dérangée, la première victime, ou tout de moins, la première à avoir été enlevée. De plus, le fait que le cadavre retrouvé ne soit pas enceinte indique apparemment qu'il ne s'agissait pas de cette dernière. Peut être était-elle en vie, ou alors, elle n'avait pas été tuée comme les autres ou elle avait été jetée ailleurs, cachée ? Il y avait aussi l'évidente possibilité que Melissa soit surtout le déclancheur de cette folie meurtrière. Elle n'avait apparemment pas disparue seule et si Jack Ryder n'était pas derrière tout ça, il avait été aussi tué ou retenu et il était aussi très important : comme témoin ou comme victime symbolique, il détenait un témoignage important qui saurait possiblement sauver les autres filles. Une recherche sur ce personnage et la manière dont il était venu à être en contact avec Melissa s'imposait.

Mais ce que les fichiers pouvaient dire à Barbara ne suffirait pas. Aucun rapport ne dirait l'impression qu'il a laissé aux personnes autour de lui. Aucun document fiable ne viendrait lui parler des relations qu'il entretenait sur le lieu du travail. Et surtout, personne ne déclarerait une éventuelle liaison entre Melissa et Jack Ryder à moins que ça ai fait l'objet d'une plainte au service du personnel, service que Barbara s'empressa de vérifier en même temps que ces autres recherches. Les disques durs et les ventilateurs des machines tournaient à plein régime, comme le cerveau de la jeune femme. Ce qu'elle voudrait savoir en priorité : ce pourquoi Jack Ryder avait été appelé « fou » un peu plus tôt. Elle savait que les personnes du milieu télévisé étaient rarement des gens lambdas avec des vies physiques et psychologiques parfaitement normales, mais de là à appeler n'importe qui un malade, surtout dans cette ville ou cette appellation était presque une marque déposée, ça l'intriguait. Une fois une des recherche terminée, elle profita d'être dans le fichier du personnel pour se faire tirer une carte de stagiaire qu'elle porterait pour pouvoir passer les portes. Si quelqu'un avait un doute, elle dirait simplement qu'il avait du y avoir un problème car c'était une association d'aide aux handicapés qui avaient fait pression pour le quota d'employés handicapés dans l'entreprise et que si ils avaient un problème ils pouvaient éventuellement faire une demande de ce côté. Qui voudrait avoir une réputation de foutre les pauvres petits handicapés sages comme des images, dehors ? Personne, encore moins la télévision. De toute manière, elle n'avait besoin que de quelques dizaines de minutes voir une heure maximum pour faire le tour de la question une fois là bas. Appelant une compagnie de taxi spécialisée dans le transport de personnes handicapées (une des nombreuses brochures que lui avait laissé l'hôpital après sa sortie), elle organisa sa petite expédition dans les bureaux de la chaîne de télévision. Et surtout, elle tenta aussi de se choper un plan et un programme éventuellement envoyés sur les adresses emails des employés de la boite, histoire de savoir où trouver une personne qui l'intéressait pour en savoir plus sur les deux disparus : le nouveau journaliste qui remplaçait Jack Ryder. Après tout, qui connaissait-on le mieu, si ce n'était son ennemi et son concurrent ? Les petits « dérangements » de l'émission avaient bien fait son affaire à celui-là, c'était pour cela qu'il était la principale cible de la rouquine.

La surprise me gagne lorsqu'en échos, Killer Croc évoque bel et bien un perroquet. Le Monstre ? Mon regard se fronce. Je suis certain qu'il ne parle pas de lui-même. Mais dans quoi Ivan m'a-t-il envoyé ? Je ne réponds rien au saurien, écoutant avec attention, espérant que ses paroles soient suffisamment audibles pour mon frère. J'arque un sourcil à l'évocation du blanc de poulet. Ce monstre ne pense-t-il donc qu'à son estomac. La « paupiette » me fait cligner des yeux. Il est vrai que si l'on doit comparer ma carrure à la sienne... Une paupiette est encore bien généreux comme qualificatif pour m'évoquer.

Raté... C'est bien le mot. Je ne devais faire qu'un allé et retour, voir Ivan, l'écouter et rentrer. Me voilà à présent pas loin de finir dévoré dans une cage dont je ne veux même pas savoir la provenance des barreaux à converser – si on peut appeler les choses ainsi – le premier qui me dit que je n'ai pas la poisse je lui en mets deux.

Mon attention reste sur ses paroles et lorsque je comprends que peut-être le saurien parle d'un autre encore plus gros que lui et qui l'a mit à mal, je sens mon sang se glacer. Mais où ai-je mis les pieds ?

Une fraction de seconde, je manque de lâcher le bocal qu'il me remet. Des lèvres à l'intérieur ?! Il me fait froid dans le dos. Bien vite, les engrenages de mon esprit s’enclenchent. Avec ça je devrai pouvoir savoir après analyse de quoi il est question exactement, ou de qui.

Le marché proposé ne peu que si tôt être accepté. Laisser un tel monstre se rendre dans une maternelle reviendrai à bénir un massacre. Libre et malgré ma jambe, il ne me faut pas bien longtemps pour, une fois ma ceinture ceint, détaler.

« Il m'a laissé partir. » Fais-je tout en avançant la radio toujours dans le dos pour que Dick puisse m'entendre et pour le rassurer quant à mon état.

Je ne m'arrête pas d'avancer. Si Killer Croc change d'idée ou s'il commence a avoir sérieusement faim, je ne tiens pas à finir dans son estomac.

Spoiler:

Il est vrai que Dick ne s'attendait guère à trouver quelqu'un sans intention belliqueuse à cette heure avancée. Pourtant, l'une des couturières était encore à l'ouvrage, et Dick admira ses doigts agiles un instant. Il en avait connu, des petites mains comme celles-ci dans sa toute première vie, il avait vécu avec elles, et savait que la réussite des artistes sous les projecteurs leur revenait pour beaucoup. Pourtant la plupart étaient humbles, souvent ignorées d'autant plus lorsqu'il s'agissait de sédentaires. Ici, elles n'étaient pas la famille, seulement des femmes à qui l'on accordait bien peu de crédit. Mais en plus d'être de petites mains des plus capables, elles étaient aussi des oreilles incomparables. Personne ne les considérait assez pour s'en méfier, et elles devait en entendre un bon paquet. Ses paroles firent sourire Nightwing, ce qui n'était pas des plus commun en ce moment. Des souvenirs ressurgirent. Lorsqu'elle remarqua le bout de tissu qui l'avait amené là, elle réagit immédiatement et avant même qu'il puisse poser des questions. Depuis le temps, elle avait du en voir passer des justiciers. Elle faisait sans doute partie de ces habitants habitués, et qui ne se posaient pas la question, et les aidaient sans les remettre en cause. Cer derniers temps, ce la devenait de plus en plus rare. Comme elle acceptait les aléas de sa vie, elle les aidait, suivant le cours de la vie, sans en attendre trop. Finirait-il par devenir lui aussi ainsi ?

Jack Ryder. Le nom sonna dans sa tête, et il fallut que la couturière lui rappelle l'épisode de la cuve d'acide pour qu'il se rappelle de Creeper. Il n'avait pas été là alors, mais il avait rattrapé ses lacunes grâce aux fichiers de Tim, sans compter que celui ci lui en avait parlé, tellement c'était un personnage. Dick enregistra soigneusement toute les informations qu'il avait pu récolter grâce à elle. Ryder pourrait être une piste, mais à sa connaissance, Creeper n'avait jamais attaqué des personnes innocentes, cela ne correspondait pas à son mode opératoire, même s'il fallait qu'il creuse plus dans ce sens au cas où. Il contacterait Oracle pour savoir si elle en savait plus, et il devrait accéder à son dossier, essayer de le localiser. Ce n'était pas un enfant de coeur, mais outre son obsession pour Harley, Dick ne l'imaginait pas kidnapper et assassiner des jeunes femmes. Et avant qu'il ne puisse y réfléchir plus, il reçut une communication de Tim. Immédiatement, Dick fronça les sourcils, et d'un geste de tête remercia la couturière qui lui avait été d'une aide des plus indispensable, avant de s'éclipser.

- Red Robin ? Tu ne dois pas m'entendre, mais continue à parler, je vais tenter de te localiser...

Killer Croc ? Cela ne sentait pas bon, pas bon du tout. S'il n'avait pas déjà été dans ce genre de situation, il aurait paniqué. Tim était débrouillard, mais visiblement il était face à Killer Croc, et s'il parlait ainsi, c'était sans doute qu'il en était le captif. Quoi qu'il en soit, Dick n'aimait pas savoir son petit frère face à Croc, seul, et surtout en ce moment. Lorsqu'il évoqua un perroquet, sa gorge se serra. Il ne savait pas où était Tim, mais s'il cherchait un perroquet dans un endroit où il avait finit par tomber sur Croc, c'était que leurs pistes en venaient à se croiser. Il ne devait pas y avoir beaucoup de perroquet dans les égouts et le territoire de Croc. Bon dieu mais que se passait-il ce soir ?

Tout de suite, Dick lança son programme de traçage, et sortit de l'Opéra. Sa piste pourrait attendre, Tim avait besoin de lui. Et s'il devait au plus vite trouver qui était responsable des enlèvements de ces pauvres filles, il ne pouvait rester les bras croisés alors que son petit frère appelait à l'aide... Il en avait déjà perdu un sans pouvoir agir. Cette fois, il était sur la même planète, et ne laisserait pas la situation se reproduire. Dick se mit en selle, écoutant attentivement chacune des paroles de Croc, son angoisse s'accroissant régulièrement. Croc ne semblait pas affamé, il aurait déjà tué Tim, mais ce qu'il disait ne laissait rien présager de bon. S'il avait abandonné son territoire à un monstre... Croc traitant quelqu'un de monstre était une information à ne pas prendre à la légère. D'autant plus si il était assez gros pour lui foutre une raclée et lui faire quitter son territoire.

Le coeur de Dick se serra alors que Croc fit allusion à des tendances suicidaires... Non, non, il ne devait pas y penser, c'était stupide. Il avait une mauvaise passe, voilà tout. Pas de là à se jeter entre les griffes de Croc volontairement. Dick reçut enfin la localisation de Tim. Direction les égouts, comme il l'avait pressentit. Il serait rapidement sur place, et heureusement, son cadet semblait pour l'instant tirer son épingle du jeu. Il ne tarderait pas à le retrouver.

 Les choses semblaient s'éclairer et se complexifier à la fois. Croc avait été chassé de son territoire habituel par un monstre, qui avait laissé le perroquet dans son garde manger, que Dick avait visité plus tôt. Et pour seul trophée, Croc avait récupéré... des lèvres ? Justement, la jeune femme avait les lèvres tranchées lorsqu'elle avait été retrouvée... Sa piste avec Ryder semblait moins évidente, bien qu'il y restait accroché malgré tout, ses preuves étaient trop concrètes pour les abandonner totalement. Mais au vu du monstre décrit par Croc... Non, cela semblait peu probable, Creeper était flippant, mais pas à en être qualifié de monstre et à botter les fesses écailleuses de Croc... Non ? Il est vrai qu'il ne connaissait le personnage que des rapports, peut-être Tim pourrait l'éclairer, d'autant plus qu'il n'avait pas une mémoire infaillible et que ces derniers temps, il avait eu  beaucoup d'informations à digérer.

- J'arrive Robin. Je suis presque là !

Dick en entendant sa voix fut soulagé. Il n'était plus qu'à une centaine de mètres peut-être, et seuls les méandres des tunnels l'empêchait de le voir. Lorsqu'il vit Tim émerger des ténèbres, son soulagement fut complet. Il avait l'air entier. Arrivé à sa hauteur, il le prit par les épaules. Les égouts n'étaient pas un endroit recommandable, mais courir comme un dératé ne servirait plus à rien.

- Du calme, c'est bon, respire. On dirait bien que tu as l'enfer à tes trousses.

Sa tentative d'humour tomba littéralement à plat lorsqu'il remarqua le bocal et son contenu. La bile lui monta à la bouche, et il dut se contenir pour réfréner sa nausée.

- Oh mon... Yurk ! C'est dégoutant...

Dick détourna le regard, se préoccupant de son cadet, l'entraînant vers un coin moins nauséabond, une galerie technique parallèle. Inutile de sortir, ils risquaient d'y replonger bien assez tôt. Maintenant qu'il avait récupéré Tim, son enquête devait continuer, d'autant plus qu'il avait de nouveaux éléments.

- Il faut croire que les grands esprits se rencontrent. Je bosse sur les kidnappings de jeunes filles dont l'une d'elle a été retrouvée aujourd'hui. Pour faire court, elle avait les lèvres tranchées, et a moins qu'il n'y ait plusieurs maniaques dont ce soit le délire, ton monstre est certainement lié à mon enquête. J'ai trouvé le garde manger de Croc avec ton perroquet. Je pensais avoir un autre suspect, Jack Ryder, The Creeper ? J'ai trouvé un bout de vêtement qui lui appartient sans doute proche de la scène de crime dans les égouts, mais cela ne lui ressemble pas... Notre meilleure chance serait peut-être de déjà de vérifier ce "monstre", le trouver, et peut-être nous mènera-t-il aux filles disparues... Avant qu'il ne tranche d'autres lèvres ou ne finisse par les exécuter comme la dernière.

Dick doutait d'être très explicite, mais tout était là. Pour l'instant, les pièces s'assemblaient, certaines se voulaient pas s'emboiter, mais elles étaient toutes sur la table. Il ne manquait plus que quelques unes pour avoir la vue d'ensemble.

- Qu'est-ce que tu as à faire avec ce perroquet d'ailleurs ?

Digérant les informations comme elles venaient, elle essayait de mettre tout bout à bout en essayant de voir à quel moment fatidique tout avait basculé. Ce n'était pas les condamnations ni l'arrivée de Mélissa, par contre l'accident qu'ils avaient eu tous les deux semblait avoir un rapport avec tout ça. Enfilant son manteau, elle s'éclipsa pour aller jeter un coup d’œil du côté de la chaîne télévisé qui employait un ancien d'Arkham sans que cela ne lui pose trop de problèmes. Les gens étaient tordus ces derniers jours. Alors que la plus part des détenus de l'asile étaient généralement enfermés pour les empêcher de tuer la moitié de la ville, des gens s'amusaient à les rendre voyant et symbolique pour les téléspectateurs. Pitoyable. Les locaux étaient facilement accessibles et comme prévu, personne ne voulait chercher des noises à une handicapée, ça l'arrangeait assez bien. La machine à café avait l'air d'être couramment prise d’assaut par tout les employés confondus, stagiaires y compris. Ceux-ci déambulaient à droite et à gauche, on avait presque l'impression qu'il y avait deux fois plus de petites mains non payées que de véritables employés. Barbara n'étant pas inspectrice du travail et ayant des choses plus importantes à régler, elle se contenta d'entamer la conversation avec quelques personnes avant de trouver une employée assez bavarde. Celle-ci lui parla de ce qu'elle savait déjà et enfin, finit par avouer qu'un faux motif avait été donné pour l'absence de Mélissa. Enfin, l'employée lui parla du fait que Jack Ryder était apparemment amoureux de quelqu'un d'impossible à avoir. Peut être était-ce Mélissa avec ses amis dans la pègre ? La rendant difficile à avoir si on ne voulait pas se mettre à dos Black Mask...

De toute manière, un petit détour chez l'infirmière de la chaîne s'imposait. En passant près d'un studio, Barbara remarqua la blouse blanche lui passer devant, directement dans la salle d'enregistrement. Ca pouvait lui laisser quelques temps. Au fur et à mesure de son avancée dans les locaux, la rouquine commença à se souvenir d’événements pas si vieux que ça où Bruce lui avait demandé de confectionner des patch de psychotropes puissants histoire de calmer un indésirable particulièrement atteint. Elle avait utilisé du Rispéridone, un produit rare, pas souvent utilisé qui pouvait calmer un cheval avec la dose adéquat. En arrivant dans la pièce teintée de blanc, elle trouva le dossier et découvrit sans surprise que le Creeper demandait des calmants en grande dose à l'infirmière. Des mentions dans les bas de pages et les marges indiquaient qu'il s'auto-injectait des produits pour se calmer et se garder sous contrôle. Il n'y avait rien de pire que les démons intérieurs, surtout quand ils prenaient le dessus. Le pauvre bougre, après son accident chez Axis Chemical avait dû voir sa vie bien changée. Mélissa dans tout ça ? Et les autres meurtres ? Toujours pas grand chose pour l'aiguiller. Le Creeper ne s'attaquait pas aux innocents mais ça ne voulait pas dire qu'il n'était pas pour autant impliqué d'une manière plus ou moins directe dans ces enlèvements. Repartant vers la tour de lOracle elle envoya un message à Dick.

« Jack Ryder a disparu avec Mélissa, c'est le Creeper. Il se calme avec des doses de Rispéridone. Je cherche comment annuler les effets. »

Si il les prenait en grande quantité, il faudrait possiblement un produit inverse pour en annuler les effets. Pianotant sur ses ordinateurs, elle mit quelques minutes à trouver malheureusement : Barbara n'était pas chimiste et ses connaissances en informatique ne compensaient pas tout. Elle avait un bon candidat sous la main. Elle reprit l'émetteur pour envoyer les résultats à Dick. « Ephédrine devrait ralentir les effets. Disponible en tant que stimulant, vasoconstricteur, antihistaminique et dans l'adrénaline. Je peux te trouver des dealers dans le coin. » Après tout, c'était la meilleure option. Elle n'allait pas l'envoyer cambrioler une pharmacie ou un hôpital pour avoir ces produits. Si elle voulait en commander, par l'intermédiaire des firmes Wayne, pour en avoir, ça prendrait au moins une bonne journée. Mieux valait œuvre au plus rapide.