Cassandra Cain et Dick Grayson

Cassandra & Dick, se retrouvent en avril, alors que l'horloge affiche le point de l'aube en cette journée pluvieuse pour thème du rp. Les personnages se retrouvent dans l'appartement de Dick à Blüdhaven et ils autorisent les trois PNJs à intervenir dans ce rp. Les images utilisées ci-dessus proviennent de tumblr. Bonne lecture ♥

A vrai dire, Dick ne se rappelait même pas de s'être endormit sur le canapé de son appartement. La nuit avait été longue, et éprouvante. Elle l'était particulièrement ces derniers temps. Il enchainait les missions, les enquêtes, les bastons, sans réellement penser à autre chose. Mais il en avait besoin. Depuis Barbara, il avait conscience qu'il se démenait pour ne plus y penser, et compensait en se tuant un peu plus à la tache chaque soir. Il n'avait de toute façon pas la tête à autre chose, bien que Tim lui ait dit de lever le pied. Il pouvait bien parler.

De toute façon, que pouvait-il faire d'autre ? Sa vie était totalement dénuée de sens quand il y réflechissait. Il n'avait aucune vie en dehors de Nightwing. Tim avait besoin de lui mais ne cessait de le laisser de côté, bien qu'ils y travaillaient. Alfred avait Tim, et Cassandra. Quand à Barbara, elle avait vécu pendant tout ce temps sans lui, et le message était clairement passé, bien qu'il n'arrivait pas à le digérer. Dans les combles de l'immeuble, à côté de tout son matériel, il avait un tableau de liège sur lequel il actualisait absolument toute les bribes d'infos qu'il pouvait glaner quand aux activités du Joker. Il n'en avait parlé à personne. C'était désormais son combat, et c'en était un dont il redoutait l'issue. Tout les soirs, lorsqu'il en finissait par tabasser un petit malfrat, un homme de main d'une des nombreuses pègres, ou un mafieu aux poches remplies et au réseau bien ficelé, après toute la série de questions, il y avait toujours une qui revenait. Où est le Joker ? La plupart n'en avaient aucune idée. D'autres, de vagues pistes qui ne le menaient pas loin. Mais Dick finirait par l'avoir, et bien proprement. Il n'avait pas digéré Jason -comment l'aurait-il pu ?- mais Barbara était la goutte de trop. Quant à savoir ce que Dick, non Nightwing, ferait de lui si Nightwing lui mettait la main dessus... Mieux valait ne pas y penser. Certaines nuits, il rêvait qu'il serrait les doigts autour de sa gorge jusqu'à ce que son rire s'y étouffe. D'autres nuits, il le poussait du haut d'un des toits de Gotham. Ces nuits là, il se réveillait en sursaut, trempé de sueur, avec un gout de bile dans la bouche, comme si une fois éveillé, son corps ne pouvait supporter les désirs et les fantasmes de son subconscient.

Et chaque fois qu'il s'éveillait ainsi, Dick s'en voulait encore plus, laissant grandir la colère en lui. Celle de n'avoir sauvé Bruce, celle de s'être enfuit, celle de n'avoir été meilleur pour mériter la confiance de Barbara et de n'avoir pu être là pour elle, celle de ne pas assez s'être battu pour Kory, celle de ne pas avoir été là pour Jason comme il l'aurait voulu, celle de ne pas avoir été là pour Tim quand il avait besoin de lui. Celle de ne pas être capable de reprendre le flambeau de Bruce, celle d'avoir trop peur pour remplir les attentes de tous et de devenir Batman à son tour. Oui, il y avait des jours où Dick se trouvait bien minable.

Ses journées au GCPD le frustraient aussi, souvent. La corruption parmi ses collègues, l'impuissance, souvent. Heureusement, Nightwing passait souvent par là pour redresser ce que l'officier Dick Grayson ne pouvait faire. Et la nuit, il était sur totu les fronts. Oracle n'avait sans doute pas de meilleur agent, plus dévoué. Cette semaine, il avait réussit à démanteler un réseau de prostitution, et à libérer un "arrivage" de filles de l'est européen. Le seul malfrat qu'il n'avait arrêté alors qu'il aurait pu était un le faussaire sur Seaside Avenue. Il avait fourni des papiers à toute ses filles, sous la menace, certes, mais seul le résultat comptait. Il n'irait peut-être pas tout de suite en prison, peut-être même pas du tout, tant qu'il aidait Nightwing. Un brave gars. Et Dick s'occupait personnellement des clients trop menacants. Il permettait à Nightwing de garder un oeil sur tous les alias, et cela lui rendrait de bons services. Et puis, les habituels braquages, agressions, traffics. Des deux chargement qu'il avait intercepté et empêché, l'un d'eux avait disparu entre le quai et le GCPD, ce qui l'avait aussi mis en colère. Mais il avançait là dessus. Et il avait bien l'intention de faire tomber les pourris qui s'en mettaient plein les poches et réduisaient ses efforts à néant.

C'était épuisé qu'il était rentré au petit matin, avant que le jour ne se lève. Il n'avait pas croisé Tim, il se promit d'appeler au Manoir quand il aurait pris un peu de repos. Alfred n'aimait guère être réveillé à 3 ou 4h du matin. Même s'il ne le lui dirait jamais. Dick était rentré, en sueur malgré le temps pluvieux, trempé jusqu'aux os, et à moitié couvert de boue. Park Row, un terrain vague et une bande de petites frappes qui dealaient sur le chemin du retour. Il avait eu besoin de sortir un peu de colère. Après tout, il faisait tourner le commerce des dentistes et des orthopédistes, non ? Rien qui ne les empêcherait de vivre, juste assez pour qu'ils se souviennent de cela quand la douleur les prendraient les jours humides.

En rentrant, il s'était deshabillé, éparpillant son costume sur le chemin de la douche sans y prêter aucune attention. Il était resté de longues minutes sous l'eau brûlante, avait attrapé un calecon propre, attrapé quelques pansements qu'il avait posé sur es quelques coupure superficielles qu'il avait récolé et s'était difficilement trainé jusqu'au canapé. C'est là qu'il avait réalisé que sa côte brisée quelques temps auparavant ne semblait aps s'être parfaitement ressoudée. Peut-être le coup de batte de baseball qu'il avait laissé passé ? Ilaurait un magnifique bleu tirant dans les tons violacés au petit matin. Incapable de gagner son lit, il s'était effondré sur son canapé qui avait connu des jours meilleurs, s'enroulant à moitié dans le plaid qui recouvrait les nombreuses tâches sombres ; les meillleurs détachants venaient rarement à bout de ses trophés nocturnes.

Pourtant, son repos fut de courte durée, et il n'eut l'impression que d'avoir dormi quelques minutes quand il se réveilla, les paupières lourdes, le corps engourdi et meurtri, encore groggy d'un rêve dont il ne se souvenait de rien et qui lui glissait déjà entre les doigts. Il ne comprit pas tout de suite ce qui l'avait réveillé. Mais cette sensation, il la connaissait bien. Quelqu'un était là, et l'observait. Dick passa une main sur son visage, et dans ses cheveux pour les remettre en ordre, de manière à y voir plus clair. Il savait qu'il n'était pas seul. Tim ou Stephanie ne se serait pas introduit chez lui comme ça. Barbara était hors de tout soupçon désormais. Si cétait quelqu'un pour lui faire du mal, il serait sans doute déjà mort. Il ne connaissait guère de justiciers capables de s'introduire chez lui sans le réveiller. Il n'y avait guère que Bruce qui en était capable à ce degré. Ou Cassandra. Il ne connaissait guère la jeune fille, mais ce qui était sur, c'était qu'elle en était tout à fait capable, et tout à fait du genre à rester là sans oser rien dire. Etrange, cette petite. Elle mettait parfois Dick mal à l'aise, parce qu'elle était sans détours. Mais elle lui plaisait bien. Avec elle, les faux semblants ne servaient à rien, il n'y avait aps de rôle à jouer, pas un seul qu'elle ne puisse de toute façon percer. Et depuis... Depuis le décès de Bruce, elle devait se sentir bien seule, malgré Alfred et Tim. Il savait qu'ils étaient proches...

Dick se releva, difficilement, encore engourdi, et tiraillé par ses bleus de la nuit. Un peu gêné un instant, il attrapa de quoi se vêtir décemment. Il doutait qu'elle y prête attention, c'était pour que lui ne se sente pas mal à l'aise, et qu'elle ne le lise pas. Il attrapa un pantalon de survet qui trainait. En se rendant à la cuisine, il attrapa un de ses tshirts, qu'il renifla avant d'envoyer sur la machine à laver. Il haussa les épaules, il irait en chercher un plus tard.

- Céréales ?

Dick s'adressa à elle sans même la chercher des yeux. Il était presque sur que c'était elle dont il s'agissait. Il se versa lui même un bol, sa nuit était de toute façon sans doute finie, et mit en route la cafetière pour tout à l'heure, quand il aurait besoin de finir de se réveiller. Mais son ventre criait famine, avait-il même dîné ? Impossible de s'en rappeler, et il n'avait que grignoté une moitié de sandwich entre deux dossiers ce midi.

- C'est rare que tu viennes me rendre visite... Ca me fait plaisir de te voir. Même si je me doute que ce n'est pas pour le plaisir de ma compagnie. Qu'est-ce qui te tracasse à ce point ?

Dick s'accouda au comptoir qui délimitait l'espace cuisine et salle à manger, et grimpa sur un des hauts tabourets, comme il y en avait à côté de lui et de l'autre côté du comptoir. Il était intrigué, et presque inquiet. Si cela avait été urgent, elle l'aurait immédiatement réveillé. Peut-être était-ce personnel ? Dick avait l'habitude qu'on se confie à lui, mais il ne s'attendait pas à ce que cela vienne d'elle...

Sa discussion avec Tim avait été violente d'une certaine façon. Cassandra y avait perdu quelques plumes, elle aussi, à être confrontée à deux deuils différents : un qu'elle partageait, l'autre qu'elle ne comprendrait jamais. Et puis il y avait autre chose, que Tim l'ait qualifié de différente, de pas comme lui. Pas comme eux. Bien sûr le jeune homme n'avait pas voulu l'insulter ou quoi que ce soit, mais Cassandra savait qu'il avait raison.
Sans mots dire, elle était retournée dans sa chambre. Elle ne l'avait pas quitté du reste de la journée, pleurant parfois -quelque chose que Bruce lui avait appris- essayant de se calmer souvent. Invisible pour le repas et le dîner, personne ne vint vérifier si tout allait bien. Alfred respectait peut être parfois un peu trop l'intimité des gens, et Tim...
Hé bien ils étaient en colère l'un avec l'autre, non ? Peut-être parce que Cassandra avait fait quelque chose de très mal. Qu'elle n'aurait jamais dû lui parler comme ça, pourtant la jeune fille n'avait mis que la vérité dans ses paroles et elle savait très bien que Tim était un allié. Pas besoin de le blesser donc. Mais la photographie de sa famille, les paroles, tout cela avait été trop de choses d'un coup que Cassandra ne pouvait pas vraiment comprendre.

La nuit venue, elle avait enfilé l'uniforme, celui de Batgirl, et s'était enfuie sur les toits. Des gamins des rues avaient essayé de lui lancer des pierres, par pure curiosité, mais Cassandra était trop haute pour risquer quoi que ce soit.
Elle savait le secteur de Nightwing, celui de Red Robin -qu'il ne parcourait plus actuellement-. Elle, elle n'en avait pas encore eu un de défini vraiment. Bruce lui donnait parfois des endroits ou la mettait en équipe avec Tim, d'une certaine façon il ne la laissait jamais être vraimnt seule. Plutôt que de douter de ses capacités, Bruce avait entièrement confiance de ce dont elle était capable de faire. Notamment Tuer. Il la surveillait, maintenant c'était à Cassandra de se surveiller seule et de sans cesse questionner ses propres actes.
Jusqu'où pouvait-elle frapper quelqu'un, défendre une personne ou pire, se défendre elle-même ? Quel prix accorder à tout cela, quelle importance ?
Ses combats, ses démons. Ils la hanteraient toute une vie au moins, peut-être plus, on ne se défait jamais de ces choses là.
Spectre sombre, elle avait parcuru les rues et les toits, le cœur en sang et les lèvres déchirées. Rien ne vint la forcer à combattre, lors de cette patrouille, et peut-être était-ce mieux ainsi ?
Silencieuse, Cassandra s'était assise en tailleur sur la rembarde d'un batiment et, aussi immobile qu'une statue, avait regardé le soleil se lever. Un long moment, la jeune fille était restée ainsi, entre transe et méditation, et puis, calmement, arriva à prendre une décision.

Dick Grayson, vrai nom : Richard. Doué, souple et bon guerrier -il l'avait quelque fois entraîné, chez les Titants- Cassandra tenait en bonne estime ses capacités, plus que celles de Tim pur être honnête. Dick avait quelque chose en plus, de sa formation d'acrobate que Bruce ne lui avait jamais fait perdre, voir encouragé parfois peut-être ? Il y avait quelque chose dans ses cabrioles qui malgré tout continuait de dire « regardez-moi ! ». Artiste....

Elle savait où il habitait et l'idée de s'introduire chez lui sans prévenir ne la dérangea pas plus que cela. Respect de l'espace personnel n'était pas encore un truc que la jeun fille méritait vraiment. Lorsqu'elle entra ans le moindre bruit, Dick dormait encore. Toujour vêtue et masquée, Cassandra pencha le visage jusqu'à lui, écoutant sa respiration rauque, un peu sifflante, à la limite du ronflement. La respiration de quelqu'un vraiment épuisé.
Finalement, dans un mouvement souple, Batgirl se redressa et enleva sa cagoule, révélant cheveux et visage. Lle avait les yeux un peu brillants, fatigue pour elle aussi, impatience de voir Dick se réveiller en même temp, et les joues rouges avec le frottement du tissu.

Finalement, Dick s'éveilla, décontenancé de la trouver ici. Cassandra regarda son etit manège, réfléchissant à tout ce qu'elle pouvait dire ou non. Une des questions fut simple à répondre, lorsque Dick ouvrit un placard pour lui proposer le petit déjeuner. Elle leva un bras sûr et autoritaire et montra les céréales sur l'étagère du haut.

 « Celles là, avec le... » Froncement de sourcil, le mot était difficile à prononcer. « Le popotame »

Elles étaient un peu plus colorées que les autres et avaient une forme étrange qui plaisait à Cassandra. Enfantine dans ses goûts, la jeune fille arrivait à se permettre d'y trouver une nouvelle innocence dans ce qu'elle pouvait aimer ou non.

Le reste des questions, ce fut une autre paire de manche. Batgirl fronça le nez et plissa les lèvres, n'ayant aucune envie de mettre des mots là dessus en même temps que les pieds dans le plat. Une fois avec Tim, ça avait suffit.
En silence, elle considéra Dick et sa présence plus ou moins tranqille. Il sentait encore un peu l sueur et la rue, souvenir de sa patrouille d'hier, une odeur qui pouvait rappeler Batman. Bruce, lui, sentait l'after shave hors de prix et dégoûtant, Cassandra péférait l'après rasage bien plus discret (et discount) d'Alfred. Comme Bruce, comme Tim aussi, Dick avait de grands yeux bleus, le genre qui plaisait aux femmes. Plus que Tim cependant, ceux de Dick étaient pareils à Bruce, du moins aujourd'hui. Pas d'idée d'abandon, vraiment, comme le cadet de l'étonnante fratrie, mais au contraire une solitude contenue et amère avec laquelle il faut apprendre à vivre.

Non, décidément non elle ne parlerait pas. Pas tout de suite du moins, alors, la jeune femme tendit son corps dans un bond souple pour atterrir jambes rabattues contre son torse, sur le meuble délimitant les deux pièces. Le saut fut calculé, maîtrisé et rien ne se renversa du bol de Dick. Et puis, calmement, Cassandra desendit côté cuisine, passant d'autorité ses bras autour de Nightwing et se blottissant contre lui ainsi que le ferait un tout petit enfant, comme elle avait pu oser parfois avec Bruce. Sauf que le corps qu'elle entendait battre sous la peau nue était trop jeune et inconnu pour se confondre avec un autre qu'elle ne ouvait entendre désormais.

Dick devait bien avouer qu'avec Cassandra, il ne savait jamais sur quel pied danser. A la voir si autoritaire, si assurée, et pourtant sortir des mots enfantins avec tant de difficultés... S'il pouvait oublier qu'elle avait été entrainée pour être l'assassin ultime, et s'il pouvait oublier qu'il n'hésitait guère sur qui parier entre lui et Cassandra en combat à mains nues, il l'aurait trouvé juste craquante. Bon, c'était le cas, mais il n'osait même pas le penser trop fort. Sans compter qu'elle s'en trouverait surement vexée d'être infantilisée. Elle était certainement une des jeunes filles les plus complexe qu'il avait pu rencontrer. A vrai dire, il n'imaginait même pas ce que c'était que d'être dans ses baskets et pour tout dire, il n'échangerait sa place pour rien au monde. Mais parfois, c'était difficile de ne pas la regarder, attendri. Dick lui attrapa le paquet, le posant devant elle, la laissant faire pour le reste.

La jeune fille restait silencieuse. Généralement, elle n'avait pas besoin qu'on lui parle, elle lisait ce dont elle avait besoin en vous comme si elle consultait un livre ouvert. Lui poser des questions ainsi avait du la perturber plus qu'autre chose, et Dick s'en voulut un peu de n'avoir su anticiper. Il resta ainsi silencieux, respectant son langage, comprenant qu'avec elle, il n'avait pas à débiter son flot habituel de parole pour la mettre à l'aise; posant simplement un regard franc et assuré sur elle. Et un instant, il descendit son regard sur l'emblème sur sa poitrine. La vision lui causa un frémissement dans la nuque. Juste une fraction de seconde et il se sentit des années en arrière, lorsqu'il faisait encore équipe à plein temps avec une autre Batgirl. Un parfum, un rire, des bribes de souvenirs qui le hantaient de plus en plus régulièrement. Barbara lui manquait. Il n'avait pas manqué de partenaires ces dernières années, mais il n'avait jamais réellement trouvé quelqu'un comme Barbara. Wally et Roy étaient des spécimens, comme Cyborg ou Raven, Kory était unique en son genre aussi mais Barbara... C'était différent. Les autres ne comprenaient pas toujours, c'était quelque chose qu'entre gamins de Gotham ils partageaient.

Mais si voir l'emblème de Barbara sur la poitrine d'une autre jeune femme aurait du le vexer, le mettre en colère... Mais à ses yeux Cassandra portait à merveille l'héritage. Elle avait au fil du temps réussit à porter le fardeau d'un héritage, tout en s'en démarquant. Barbara pensait-elle ainsi ? Il l'espérait, bien qu'elle ait visiblement coupé les ponts avec ce monde. Mais la seconde s'écoula et Dick mit ces pensées de côté, ce n'était pas le moment d'imaginer Barbara à la place de Cassandra. Elle était venue d'elle même, sans blessure ni requête, sans avoir besoin d'un coup de main... Dick s'interrogeait sur les raisons de sa visite, mais elles étaient sans doute personnelles. Peut-être avait-elle un problème ? En tout cas, elle n'avait pas besoin de se préoccuper des siens, et Dick fit tout pour que ce ne soit pas le cas.

Mais soudain, alors qu'il s'attendait à a peu près tout sauf cela, Cassandra franchit d'un bon le comptoir qui les séparait. Dick ne broncha pas, avait-il aveuglément confiance en elle ou avait-il finit par apprendre quelques uns de ses trucs, toujours était-il qu'il ne s'inquiéta pas un seul instant du geste spontané et soudain de la jeune fille. Mais lorsqu'elle descendit côté cuisine près de lui, il fut quelque peu étonné lorsqu'elle l'entoura de ses bras, se blotissant contre lui comme une toute petite fille l'aurait fait avec un père ou un grand frère.

Un instant, Dick resta interdit, ne sachant trop comment réagir. Il ne l'imaginait pas tactile, bien au contraire de lui. Faisait-elle ça pour lui ou pour elle ? Avait-elle remarqué son trouble ? Etait-ce sa manière de lui dire quelque chose ? Et puis, Dick cessa de réfléchir. Elle le tenait dans ses bras comme si elle en avait besoin. Doucement pour ne pas l'étouffer de sa présence, il la prit à son tour dans ses bras, faisant attention comme si elle était une poupée de cristal qu'il pourrait à tout instant effrayer et briser en mille morceaux. Doucement, il posa ses lèvres sur le sommet de son crâne, sans l'embrasser, juste la caresser comme on le ferait d'un bébé endormi. Et doucement, il posa sa joue contre ses cheveux, sans s'imposer, effleurant à peine ses longs cheveux. A aucun moment il ne serra ses bras autour d'elle, de peur de l'effrayer, de briser le moment.

Dick se revoyait encore à la place de Cassandra. Combien de fois s'était-il blottit ainsi contre Bruce, en dépit de son âge, du "rang" qu'il devait tenir en temps que Robin. Il avait toujours été quelqu'un de tactile, de câlin. Et s'il avait en grandissant finit par stopper plus ou moins de sauter dans les bras des gens, Bruce le premier, il était toujours heureux qu'on lui saute si spontanément au cou. Mais aujourd'hui, c'était à son tour d'être celui qui recevait le câlin des plus jeunes, c'était à son tour de tout faire pour qu'entre ses bras, rien n'arrive, et qu'ils chassent les peines, les peurs, les doutes...

Et cela le frappa. Dur. Amer. Que n'aurait-il donné pour quelques instants de plus, que n'aurait-il donné pour que Bruce soit toujours là... Il se sentait plus que jamais le poids de son rôle sur ses épaules. Cassandra le connaissait à peine, venait-elle chercher un semblant de Bruce ? En tout cas, c'aurait sans doute été ce que lui aurait fait. Cela ne l'aurait pas vexé, mais sans aucun douté cela le laissait encore moins assuré qu'il ne l'était. Il n'était pas capable d'être Batman... Mais était-il seulement capable d'être la figure paternel de tous ces jeunes comme l'était Bruce ? Cette seule pensée le prit à la gorge, et il sentait déjà ses yeux briller. Il pouvait s'efforcer d'y penser, parfois cela le submergeait encore. Il avait passé de nombreuses années loin de Bruce, et était resté en froid avec lui. Mais au fond, il savait que cela finirait par passer et qu'il retrouverait son mentor. Mais la vérité la plus nue le frappait si durement... Bruce ne reviendrait pas. Il ne réussirait pas à revenir vers lui cette fois. Il n'y aurait plus jamais de retrouvailles. Et cette pensée seule faisait souffrir Dick, jusqu'à physiquement le faire sentir le poids de son absence et de la responsabilité qui voulait absolument reposer sur ses épaules... Et tout doucement, il murmura, la gorge encore serrée

- Il me manque aussi...

Il laissa faire la jeune fille aussi longtemps qu'elle le voulut, trouvant aussi sa part de réconfort dans son embrassade.

L'étreinte de Dick, elle ne l'apprécia pas. Comment pouvait-on se sentir en sécurité dans ses bras ? Ce n'était pas comme ceux de Bruce, forts et puissants, qui n'avaient pas peur de serrer, qui n'avaient peur de rien. Au contraire, le jeune homme l'enlaçait non pas sans amour, mais sans passion. La fragilité était une notion que Cassandra ne pouvait appliquer à elle-même. Si la concevoir pour Dick ou Tim était chose facile -en ce cas oui malgré son affection, la jeune fille se montrait dédaigneuse-, elle-même se voulait forte et parfaite puisque telle avait été la volonté de son père également.

L'attitude de son aîné la dérangeait, aussi Cassandra s'éloigna bien vite de ses bras, le regard sombre. Si pour quelques secondes, la jeune femme aurait pu se confondre avec une enfant, à présent elle se montrait de nouveau glaciale et distante, comme une statue trop ancienne, au visage érodé dont on ne pouvait clairement voir l'identité.

Avec des gestes sûrs, Cassandra se saisit du bol de céréales et commença à manger. Comme pour Tim, elle ne voulait du chagrin de Dick, cela ne l'intéressait pas. Trop d'émotions bruts d'un coup, et peut être que parfois cela lui manquait plus que de raison, de n'être cet animal sauvage et assassin duquel personne ne pouvait attendre de compassion. Non, c'était pas bien de penser ça, elle avait choisi Bruce et ses codes et serments, alors le reste n'existait plus. Songeuse, Cassandra mâchonna une cuillerée de céréales outrageusement sucrées. Dick avait dit que Bruce lui manquait, est-ce que le manque impliquait d'être incapable de faire quoi que ce soit ou de réagir devant les autres ? Tim était comme cela aussi, mais elle... Est-ce qu'elle ressentait le manque de manière incorrecte ? En ce cas ce ne devait pas être poli pour Bruce, et peut être que la jeune fille décevait beaucoup de monde sans même le savoir.

Sourcils froncés, elle reposa le bol pour à nouveau faire face à Dick. Cassandra se sentait prête à parler désormais, à présent qu'elle avait trouvé ce qui pouvait la troubler. Elle savait quelles questions poser, ne restait qu'à les formuler.

 « Lorsque....lorsque ton papa et ta maman sont morts, tu as pleuré longtemps ? J'aime pas... je sais pas quand ça va terminer le gros chagrin, j'en veux plus. Toi tu sais, tu as perdu beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens ! Ton papa, ta maman, Bruce et le petit garçon dans la tombe. Je veux pas que ça dure longtemps, j'aime pas. C'est....nul. »

On lui avait appris à tout cacher de la douleur, la voir chez les autres la remplissait d'une colère folle envers eux, cette faiblesse qu'ils affichaient.
Elle avait pleuré Bruce à sa manière, et il lui manquait encore maintenant. L'idée d'aller dans les bas de Dick, c'était pour regagner un peu de chaleur humaine, avoir comme un cocon le temps de reprendre son équilibre, de se remettre sur pieds, mais Dick chancelat tout autant qu'elle. Alors, bien campée sur ses jambes, Cassandra avait décidé de ne pas chuter.
Peut être que le jeune homme la trouverait méchante, et peut être aurait-il raison, mais même si elle détestait cela, on l'avait formé pour tuer. La mort avait toujours plus ou moins fait partie de sa vie, incarnée par son père qui rentrait les mains couvertes de sang d'une énième mission. Incarnée par Bruce aussi, qui se dressait alors devant elle pour mieux la repousser « pas de mort, ni aujourd'hui, ni jamais », et Cassandra avait dit oui.

A présent, toutes ces choses qu'elle ignorait et pourtant savait par cœur, tout de l'abandon et de la rancoeur, elle enfermait cela en elle et se bouchait les oreilles. De sa propre souffrance, la jeune fille ne voulait rien entendre et aucune de ses peurs ne se rassurait.
Elle ne comprenait pas encore qu'il fallait que sortent les pleurs pour enfin être consolée, et toute la colère pour être apaisée.

 « Je veux les toits »

Et peut être qu'elle s'éloignait un peu trop sans même s'en rendre compte ? A Gotham, il est tellement aisé de se perdre. Cassandra venait de chemins sombres et torturés, elle pouvait encore y retourner.

Il y avait des nuages sur son front, dès qu'elle ne savait jamais vraiment comment chasser. Elle brillait, mais sans lumières et de ce fait, n'éclairait rien. Alors non, les autres, elle ne pouvait les aider, elle qui ne se connaissait pas elle-même.
La lumière la dessinait à contrejour depuis la fenêtre. Elle était petite Cassandra, mais non pas frêle et menue, et son corps entier bouillait d'une énergie destructrice qui ne voulait s'apaiser. «Patience » aurait du Bruce, oui Patience... et son père ? Son père n'aurai pas parlé, lui ordonnant l'immobilité d'un seul regard. Pour Bruce comme pour Cain, Cassandra aurait obéi

Et que se passerait-il si par hasard Dick devait en venir à lui donner des ordres ? Peut-être ne le supporterait-elle pas, elle possédait encore trop de choses sauvages et violentes dans le noir de ses yeux. La regarder, était-ce regarder un tombeau ?

Elle avait pardonné à Bruce d'être parti, et souffrat peut être de ce vrai père qui restait vivant tout en étant inatteignable. Qui pour être le guide à présent, son guide ? Tellement simple de se perdre, de s'égarer, elle ne voulait pas.

 « Il me manque mais je veux vivre... j'ai droit ? »

L'étreinte de Dick ne dura guère, et bien vite la jeune fille s'éloigna, reprenant son masque de froideur. Dick avait toujours autant de mal à lire en elle, et pour être franc, il doutait d'y parvenir un jour. Mais il tentait d'apprendre, doucement, un pas après l'autre. Il apprenait la valeur du silence avec Cassandra, et tentait d'apprendre quand il devait s'installer et ne pas être brisé. Il apprenait surtout à la laisser tranquille alors qu'elle se préparait à parler. Et lorsqu'elle le fit, Dick était prêt à l'écouter, bien plus attentivement que n'importe qui d'autre. Il savait qu'il allait devoir comprendre ce qu'elle voulait dire, sous ses mots simples peut-être, mais qui n'en portaient pas moins des choses importantes et profondes.

Dick prit un instant pour répondre. Etait-il l'expert en deuil de la famille ? En y repensant, il fallait bien avouer qu'il avait perdu des gens le long du chemin. Dick avait toujours été quelqu'un de sensible, et chaque mort avait été un coup au coeur. De certaines, il s'était remis, d'autres le réveillaient encore en pleine nuit alors qu'il pensait s'en être remis. D'autres encore semblaient n'engendrer que colère, et dégout. Envers lui même, envers les responsables, envers Bruce. C'était le cas de Jason, peut-être était-ce lui qu'elle évoquait à mots couverts ? Et quand il s'ouvrit à la jeune fille, ce fut avec sincérité, sans lui cacher la vérité. Elle avait cessé d'être une enfant il y a bien longtemps, même si parfois, il aurait préféré la traiter en tant que tel.

- Personne n'aime ça Cassandra, et on aimerait tous pouvoir effacer cette douleur... J'ai pleuré, oui, beaucoup. Je ne te cacherai pas que parfois, je me réveille en pleine nuit et la douleur semble toujours aussi vive qu'au premier jour. Perdre un parent, ce n'est jamais facile. Perdre ceux que l'on aime, malheureusement, lorsque l'on fait ce que nous faisons, c'est quelque chose à laquelle il faut s'habituer, et elle ne doit pas nous empêcher d'avancer.

Dick s'interrompit un instant. Elle ne devait guère savoir comment réagir à ces émotions, alors que jusque là, on avait du lui apprendre à ne pas se soucier de la mort. Elle avait sans doute bien plus que lui cotoyé la mort, mais les siennes ne l'avaient pas touché, alors que Dick recevait de plein fouet chaque décès dont il avait été témoin, et victime quelque part. Elle devait apprendre à faire le deuil de Bruce, et ce serait un enseignement qui lui serait malheureusement surement utile à l'avenir, bien que la relation qu'elle entretenait avec Bruce semblait être bien plus spéciale qu'avec n'importe qui.

- Nous réagissons tous differemment au deuil. On n'est pas obligés de pleurer, mais parfois, cela fait du bien et il n'y a aucune honte à cela. Parfois, cela permet aussi de sortir cette douleur, et de l'apaiser.

Les réactions de la jeune fille le troublèrent, et lui rapellèrent celles d'un enfant qui refuse ce qu'il ne veut affronter, qui fuit la vérité, mais aussi celle d'un adulte qui sait qu'il doit avant tout passer outre, avancer, continuer. Toujours ce même paradoxe. Et Dick, étrangement peut-être, pouvait la comprendre. Il aurait voulu y voir sa force dans la volonté qu'elle mettait dans sa phrase, mais il ne savait qu'en penser. Comment attendre une réaction "normale" de sa part, alors qu'elle n'avait pas eu grand chose de normal dans sa vie ? Il aurait aimé avoir cette flamme alors que beaucoup de choses, notamment ces derniers temps, tentaient si bien de le tirer de son costume.

Mais avant qu'il ne puisse réellement réagir, sa phrase suivante lui fit l'effet d'une déferlante. A cet instant, ce qu'il voulait le plus était de la serrer dans ses bras, et s'il savait pas qu'elle n'apprécierait sans doute aucunement, il aurait franchit le pas. A cet instant, elle semblait si fragile, si peu assurée, si... jeune. Comment pouvait-elle penser une telle chose ? Comment pouvait-elle s'imaginer qu'il fallait que cela la tire en arrière et l'empêche de vivre ? Il esquissa un geste involontaire, machinal, pour prendre sa main, s'arrêtant à quelques centimètres seulement, avant de la retirer. Il ne voulait pas la brusquer, mais il avait tellement besoin de la rassurer.

- Cassandra, il nous manque à tous, mais sa mort ne doit empêcher aucun de nous d'avancer dans sa vie, et d'en suivre le cours, même s'il n'est plus là pour nous aider, nous épauler, être simplement à nos côtés. Et il aurait voulu que tu te débarasse de cette douleur, et que tu continue ce qu'il avait commencé. Ta place est sur les toits, ne t'en sens jamais coupable.

Dick la fixa droit dans les yeux, et lui sourit, doucement, tendrement, mais avec cette tristesse au fond des yeux qui le quittait peu dernièrement. Il était devenu l'homme de la famille de par son âge, de par le fait qu'il avait été le premier à y pénétrer, et il était temps de jouer un peu son rôle avec Cassandra. C'était son rôle de grand frère que d'aider ses cadets durant ce moment délicat. Doucement, il soupira, baissant un instant le regard avant de revenir chercher le sien.

- Je sais que je ne suis pas Bruce. Je n'ai pas cette grandeur en moi, cette aura, je ne suis pas aussi droit et fort, aussi inébranlable que Bruce. Je sais que je suis imparfait, que tu dois penser que je suis quelqu'un de faible, qui se laisse emporter par ses émotions bien trop souvent.

Il fallait être honnête, et de toute façon, ce n'était rien qu'elle ne savait déjà. Avec elle, mieux valait s'exprimer sans détours, s'exposer sans retenue, et être franc. Il était tout à fait lucide sur ses faiblesses, sans nul doute bien plus que sur ses forces. D'autant plus que pour Cassandra, cela apparaissait sans doute comme une réelle faiblesse, même aujourd'hui, même sortie de l'ombre de Cain.

- Mais je suis surtout capable de compassion, et je suis fidèle envers mes amis, on peut compter sur moi. Je sais que Bruce était un peu un second père pour toi, ou du moins un mentor. Je suis bien incapable de jouer ce rôle, et je ne pourrais jamais remplacer Bruce, je n'ai pas ce qu'il faut, je le sais bien.

Il avait d'ailleurs l'impression de se répéter sans cesse ces derniers temps, mais les faits étaient là. Il ne voulait pas du costume, même si on le lui offrait. Il était Robin, il était le showman, celui qui avait besoin du feu des projecteur, celui qui était l'étincelle dans la nuit, il ne supportait les ténèbres que par la lumière qu'il y mettait. Il savait qu'il ne ferait jamais un bon Batman pour cela. Il ne vivait pas dans les ténèbres, il ne s'en nourrissait pas. Et si une part de lui lui chuchotait que c'était sa responsabilité, son héritage que de ne pas laisser mourir Batman après avoir laissé mourir Bruce, au moins le temps de passer le flambeau, il avait apprit depuis son retour à l'ignorer superbement.

- Mais, j'aimerais que tu puisses compter sur moi, toi aussi. Je fais un frère minable, j'en suis aussi conscient, et j'ai mes propres blessures qui ne font pas de moi un modèle. Mais tu sais que comme Tim, comme Alfred, on fait partie de la même famille, et tu peux compter sur moi.

C'était vrai que Cassandra et Dick n'avaient jamais eu une relation extraordinairement privilégiée, comme Dick avait pu en avoir une avec Bruce. Il savait qu'elle avait été très proche de Bruce, et de Tim bien sur. Dick était toujours par mont et par vaux, avec les Titans, les Outsiders, seul aussi parfois. Mais il voulait rattraper le temps perdu. Il voulait être là, de nouveau. Alors qu'on avait besoin de lui. Il savait qu'il était faible, qu'il n'était pas le roc qu'était Bruce. Mais il voulait faire de son mieux. La famille ne pouvait pas se disloquer. Jason, Barbara, et Bruce... Sans parler de l'état de Tim. Le coup avait été bien trop dur. Et il ne fallait qu'une pichenette pour tout briser.

- Je te l'ai dit il y a bien longtemps, quand nous nous sommes rencontrés, mais c'est d'autant plus vrai, et important aujourd'hui.