Red Robin & Poison Ivy

Tim Drake & Pamela Isley se retrouvent en Mars 2013, alors que les ombres nocturnes s'allongent en cette fraîche nuit au ciel clair et dégagé, pour osciller entre discussion calme et combat violent. Nos deux protagonistes se retrouvent sur l'île Nord de Gotham, au rez-de-chaussée d'une modeste pépinière jouxtant l'ancien tribunal de Park Row, et autorisent les trois PnJs (Persécuteurs non-Joueurs) à rendre ce rp encore plus intéressant !
Les images utilisées ci-dessus proviennent intégralement de Tumblr.
Enjoy !

Dans l'intimité modeste de la chambre à coucher de Beth et Alonzo Carcines, seul le lent et régulier ressac des respirations venait troubler le silence paisible drapé autour du couple comme une douce et tiède couverture. Une main gracile, féminine, et gantée de cuir vert, s'apprêtait à refermer silencieusement la porte sur cette touchante image conjugale. Prolongeant cette main - étrangère à la scène - se trouvait un buste, ferme et moulé par un tissus aux tons sylvestres, d'apparence satiné. Ladite étoffe se trouvait parer de vert l'anatomie d'une jeune et séduisante militante écologiste, aux méthodes expéditives et bien connue des services de police. L'activiste de charme couvait pour l'heure d'un regard tranquille ses deux hôtes, qu'un baiser aussi léger qu'une caresse sur leurs joues avait rendus plus que coopératifs. Beth et Alonzo, à peine tirés du sommeil par l'intrusion d'une inconnue dans leur domicile, s'étaient rendormis le sourire aux lèvres, tous deux sombrant dans le voluptueux royaume de Morphée pour un bon moment. Assurée que le couple des tenanciers de la pépinière n’émergeraient pas avant le lever du Soleil, Poison Ivy s'effaça gracieusement du pas de la porte, opérant un volte-face tout en souplesse qui fit danser quelques mèches de son opulente crinière rousse. Telle une fée de la Nature se faisant exceptionnellement marchande de sable, la coquette biologiste descendit sans se presser les marches de l'étroit escalier séparant la partie habitée du rez-de-chaussée de la boutique, plongé dans les ténèbres. Le talon de ses bottes claqua contre le bois du pallier, avant de se faire plus étouffé lorsque les pas de la protectrice des plantes l'amenèrent à hauteur de la rue.

Les rideaux de la devanture (sur laquelle s'étalaient en écriture inversée les caractères "bɘɘƨ n'ɘbiH", formant pour les passants le nom de l'enseigne, Hide'n seed) avaient été tirés lors de la fermeture. Encore un peu nerveuse dans le noir (elle ne remercierait jamais assez le rongeur volant pour ça), Pamela tâtonna prudemment le long du mur porteur, jusqu'à trouver l'interrupteur illuminant la boutique. Un déclic sec et une série de grésillements plus tard, la passionnée de botanique eut sous les yeux une vision paradisiaque : des dizaines et des dizaines de variétés de plantes, entremêlées pour former un motif floral agréable à l'œil, et presque autant de graines, pépins et boutures prêtes à la vente. Tout ce beau monde chlorophyllien grogna faiblement à l'oreille de leur interlocutrice privilégiée, qui s'empressa d'aller cajoler les spécimens les plus aboutis, et d'encourager à mi-voix les jeunes pousses à se développer. Inhalant les odeurs de terreau et de sève, la méta-humaine se sentit revivre, l'influence latente de ses facultés induisant une croissance accélérée des organismes les plus proches.

" Finalement, mon attente ne sera pas si pénible... Relativisa d'un timbre onctueux l'Empoisonneuse en insérant ses doigts ciselés autour d'un calice floral pour profiter de ses arômes. Par-contre, la vue aurait pu être meilleure... " Dans son soupir chagriné, la fréquente pensionnaire de l'asile d'Arkham tourna la tête vers la vitrine, où, à l'interstice des deux rideaux, se découpait sur une mince ligne le profil menaçant, tout en pierres taillées, de l'ancien palais de justice.

" Hide and seed... Hide and seed... Hide and seed "

La démarche traînante, ses épaules complètement flasques obligeant ses bras à pendre de part et d'autre de son torse, Daniel Franckson se dirigeait - tel un zombie de mauvais film d'horreur - au bout du couloir de la chaufferie des usines Ace Chemicals. Ses yeux bleu clair étaient vitreux, son teint anormalement pâle, et la masse anarchique de cheveux châtains (habituellement disciplinée par les implacables dents d'un peigne) qui recouvrait le sommet de son crâne lui donnait en cette nuit hivernale l'allure d'un aliéné. Bien qu'ayant parcouru à pied une distance considérable, son rythme cardiaque demeurait lent, comme bloqué à soixante pulsations par minute. Pour ne rien arranger, son esprit brumeux ne pensait plus qu'à deux choses : surcharger la pression de tous les régulateurs de la chaufferie, puis se rendre à Hide and seed.
Cela avait coûté plusieurs semaines de travail à la plus virulente des détracteurs d'Ace Chemicals, mais Poison Ivy s'était finalement arrangée pour isoler l'un de leurs responsables de la maintenance ; un visage qu'on ne s'étonnerait pas de trouver à passer, de nuit, dans le secteur des machines, et qui disposait des accréditations suffisantes pour opérer un sabotage fatal aux industries les plus polluantes de Gotham. L'attaque imprévue d'une force d'invasion alien eut au moins le mérité de surcharger le GCPD dans les mois qui suivirent, ouvrant une brèche parfaitement exploitable pour l'éco-terroriste, qui était venue trouver Franckson à son domicile, pour lui asséner une dose concentrée de phéromones. Entièrement soumis à la volonté du docteur Isley, il incomba dès lors à Daniel la tâche (présentée comme "primordiale") de provoquer la destruction du complexe le plus florissant des anciens docks de la ville. Chose qu'il comptait bien faire, avant de passer à la seconde partie des instructions incrustées de force dans son cortex : se rendre à la pépinière de Park Row, où sa maîtresse l'attendait. Pamela se débarrasser de sa marionnette seulement une fois certaine que ses ordres avaient été dûment exécutés. Obéissant aveuglément aux paroles irrésistibles de la séductrice, le responsable de la maintenance répétait en boucle le seul nom que son cerveau cotonneux était en mesure de lui fournir.

Le hasard favorisant rarement les desseins les plus noirs, un vigile déboula à l'angle du couloir qu'enfilait le serviteur décérébré d'Ivy, une main sur la crosse de son taser, et l'autre braquant dans les yeux de l'intrus le faisceau éblouissant d'une lampe-torche.

" Pas un pas de plus ! Vous êtes dans une zone sécurisée, donnez-moi immédiatement la raison de votre... Monsieur Franckson ? C'est vous ? "

L'agent de sécurité accusa le coup. Baissant instinctivement son arme, il s'approcha du noctambule figé dans son faisceau, fronçant les sourcils et plissant la bouche en une mimique de stupeur. Bien que les traits de cet employé lui soient familiers, Lenny Perkins peinait à reconnaître ce quadragénaire, qui, statufié, regardait droit devant lui, les bras ballants et la respiration lente. Ses pupilles dilatées au maximum devaient avaler des quantités astronomiques de photons, et pourtant, pas une fois le visiteur imprévu ne cilla ni ne grimaça sous l'assaut de la lumière. On aurait dit un junkie sous l'emprise d'une drogue particulièrement efficace, un stupéfiant d'un genre nouveau transformant ses consommateurs en légumes. Se passant rapidement une main dans la barbe, Lenny se demanda quoi faire. Surtout, il n'avait pas une seule seconde envisagé ce cas de figure, en enclenchant l'alarme silencieuse depuis son poste de surveillance.
L'officier de surveillance Perkins n'aurait pas dû patrouiller, cette nuit-là. Pamela, qui ne négligeait pas la phase de préparation de ses actions militantes, avait bien évidemment vérifié auprès de son pion qu'aucune équipe de nuit ne serait présente dans la portion du complexe nécessaire à son plan, le soir du jour J. Cependant, la minutie de la belle plante n'avait pas pris en compte la vie de plus en plus misérable de Lenny Perkins. Chargé de la sécurité bientôt trentenaire, son quotidien avait commencé à se dégrader lorsque sa femme le quitta, emportant avec elle leur fille et sa contribution au loyer du nouveau célibataire. Déprimé, celui qui se destinait à devenir policier (mais avait échoué au concours d'entrée) s'attira les foudres du DRH de l'usine par ses absences répétées et son manque de concentration flagrante, jusqu'à flirter avec le renvoi immédiat. En désespoir de cause, Perkins avait résolu de passer chacune de ses nuits à faire des heures supplémentaires non-déclarées, espérant que la providence lui enverrait un intrus à neutraliser. Lenny, prêt à croire aux miracles, se figurait qu'une action d'éclat lui assurerait de conserver son poste, voire lui vaudrait une promotion... Sauf qu'on ne gagnait pas une promotion en surprenant un employé de sa propre boîte à rôder la nuit du côté des chaufferies.

" Qu'est-ce que vous êtes venu faire ici ? J'ai cru que vous étiez un de ces délinquants qui s'amusent à venir taguer les façades des constructions... Vous auriez dû me prévenir cet après-midi, que vous comptiez repasser plus tard. A cause de vous, je vais devoir recontacter la police, pour leur expliquer qu'il s'agissait d'une fausse alerte... Et ça va certainement être ma fête. " Ronchonna à part lui-même le gardien déçu de ne pas pouvoir briller en tasant un petit hooligan des quartiers pauvres.

" Hide and seed... Hide and seed... Hide and seed "

" Qu'est-ce que vous dites ? Parlez plus fort, je ne vous entend pas. "

L'esclave de l'Empoisonneuse passa à l'action à une vitesse surprenante. Sans signe avant-coureur, il expédia son genou entre les jambes de Lenny, qui poussa un juron étouffé en glissant au sol, les mains croisés sur son entrejambe douloureuse. Détalant sans articuler un son, Daniel Franckson sauta par-dessus le vigile, qui suivit en écarquillant les paupières la trajectoire aérienne d'un bonhomme qu'il n'aurait jamais cru voir bondir aussi aisément. Guidé par sa parfaite connaissance de la disposition des lieux, le saboteur conditionné sut qu'il ne lui restait qu'à tourner à l'angle du couloir, passer devant deux portes verrouillées par un scanner rétinien, puis tourner sur sa gauche pour accéder à la chaufferie. Une fois là-bas, il n'aurait qu'à pianoter les chiffres six, cinq, quatre, cinq, sept et un pour déverrouiller le verrou magnétique de la porte, avant de pénétrer dans l'imposante enceinte où, de ses deux mains, il enfoncerait les commandes condamnant l'intégralité du complexe à exploser.
Impuissant, n'ayant pas réussi à dégager son taser avant que le responsable de la maintenance n'ait disparu de son champs de vision, Lenny Perkins en fut réduit à crier, de toute la puissance de sa voix chevrotante :

" Stop ! Arrêtez-vous ! Que quelqu'un arrête cet individu ! "