Au coeur des ruines de ce qui fut jadis le célèbre manoir Wayne, au plus profond de ses entrailles, dissimulée dans les décombres des sous-bassements du bâtiment, une bande audio fut retrouvée. Cette bande, aujourd'hui devenue obsolète, datait d'une époque triste et sombre pour Gotham. Le curieux qui en trouva la cachette, après s'être procuré avec difficulté un lecteur approprié, pu enfin découvrir la teneur du message qu'elle délivrait.

Si tu écoutes cette bande audio, c'est qu'il m'est arrivé quelque chose, que je ne peux plus assumer le rôle dans cette ville, que j'ai choisi. Ou plutôt, qui m'a choisi. Si tu as été assez malin pour la trouver, c'est que tu l'es tout autant pour comprendre que tu devras passer sous silence tout ce que tu entendras. Dans le cas contraire, sache que tu encourras de lourdes représailles à l'encontre de ta personne de la part de quelques alliés…

Je me nomme Timothy Drake, mais tout le monde me nomme Tim, et j'avoue préférer cela à ce prénom transpirant une impression chétive ne me ressemblant pas. J'ai vu le jour en 1995, ici même à Gotham. Fils de Janet et Jack Drake, j'eus la chance d'être aimé et désiré par mes parents.

A l'heure où de nombreux enfants avaient pour héros des Catcheurs ou des êtres aux pouvoirs inhumains, le mien s'avéra être une chauve-souris tout ce qu'il y a de plus humaine : Batman. Je voyais en lui la solution face aux échecs des autorités devant à la recrudescence du crime à Gotham. Très jeune, je n'étais pas insensible à l'injustice, si bien que très vite, je nourris le désir, non des moindre, de devenir l'un des plus grand détective au monde, sinon le meilleur.

Enfant, j'assistai à l'un des numéro acrobatique des Flyings Graysons, de fantastiques trapézistes d'un cirque donnant des représentations à Gotham. La soirée s'annonçait agréable, et partager un tel numéro avec mes parents m'emplissait de joie. Le spectacle pourtant prit une tournure insoupçonnée. J'assistai à la mort des parents de celui qui deviendrait un jour le célèbre Nightwing. Trop jeune pour réellement comprendre ce à quoi j'avais assisté, il fallut, bien des années plus tard, après avoir regardé un reportage rendant hommage aux meilleurs trapézistes mondiaux dont les Flyings Graysons, que j'assiste à une démonstration des talents de Robin, pour en découvrir l'identité de ce dernier. Celui qui, par la faute de Tony Zucco était devenu orphelin, avait choisi, tout comme mon "héros", de se soulever pour dire "non" aux criminels en devenant dans un premier temps Robin, le célèbre acolyte de Batman. De déduction en déduction, j'en vins à comprendre l'identité du chevalier noir : Bruce Wayne. Sentiment renforcé par ce dernier lui-même : il avait pris sous son aile l'orphelin.

Bien que certain d'avoir levé le voile sur l'identité des deux justiciers, je gardai cependant pour moi ces informations. Loin de moi l'idée d'en tirer des bénéfices ou de me mettre en avant par ce biais. J'assistai de loin, à l'arrivée de Batgirl au sein du duo masqué, nourrissant une certaine curiosité. Je continuai pourtant d'observer de loin les actions du nouveau trio, collectionnant les articles de presse à leur propos.

J'avais dix ans lorsque plusieurs mois durant, Robin sembla abandonner son rôle auprès de Batman et lorsque subitement celui-ci revint, je réalisait très vite qu'il ne s'agissait plus de Dick. Leur manière de se mouvoir, leur corpulence, leur taille… Tout les différenciait. C'était pour moi une évidence. J'avais déjà un sens aiguë du détail à cette époque et j'étais très observateur malgré mon jeune âge.

Malheureusement, vinrent des heures particulièrement sombre pour mon héros trois ans plus tard. Batman perdit son acolyte, tué par le tristement célèbre Joker, sans nul doute le némésis du chevalier noir. Rapidement, je m'aperçu des répercutions de cette perte pour ce héros que j'admirais tant. Bientôt, celui-ci montra une violence qui ne lui ressemblait pas, qu'il ne devait pas incarner. Du haut de ma jeunesse, je ne pouvais me résoudre à laisser Batman ainsi… Plus qu'un justicier, il incarnait à mes yeux un symbole et il n'était pas question que celui-ci s'entache…

Robin représentait selon moi le garde-fou du chevalier noir, celui qui lui faisait garder les pieds sur terre. Sans lui, Batman devenait presque semblable à ceux qu'il traquait. Il avait besoin de son acolyte et puisque celui-ci ne semblait pas le voir, j'allais le lui rappeler, quitte à le supplier.

Ce fut chez les Titans à San Francisco que je le retrouvai. Il était temps, selon moi, de "grandir" - amusant de la bouche d'un enfant pas encore pubert - de mettre ses ressentiments de côté, Batman avait besoin de lui. Gotham avait besoin de lui. Je m'étais bercé d'illusion, je ne trouvai pas les mots justes, les bons boutons à enclencher. Lamentablement, j'échouai. Tout ce que j'obtins, ce fut la promesse de Dick qu'il tenterait de raisonner Bruce et un retour à Gotham en sa compagnie.

Si mon but n'avait jamais été d'endosser à mon tour le rôle d'acolyte de Batman pourtant, le choix s'imposa de lui-même. Je ne pouvais décemment pas rester les bras croisés. Du courage j'en avais, de la volonté aussi, mais de l'expérience, absolument pas. Si Dick ne parvint à passer outre ses ressentiments à l'égard de son ancien mentor, j'eus cependant la chance qu'il accepte de participer à ma formation accélérée plusieurs mois durant, avant de quitter de nouveau Gotham et bientôt je me découvris un frère. Nous ne l'étions ni par le sang, ni par les gênes, mais il me semblai que nous l'aurions été, je n'aurai pu être plus proche de lui que je le fus. J'ignore les raisons véritables qui le poussèrent à accepter de me donner son aide puisqu'il refusait de former de nouveau le duo d'antan, mais j'appréciais ce temps qu'il m'offrait.

Six mois passèrent et j'endossai à mon tour le costume de Robin aux côtés de Batman auprès duquel chaque jour je dû faire mes preuves. Par chance, j'eus Alfred comme allié avec qui rapidement, je me liais d'affection, voyant en lui en quelque sorte, un oncle.

Malheureusement, bientôt ce fut mon tour de connaître des heures sombres. Obeah Man, criminel de son état, s'en prit à mes parents, fauchant la vie de ma mère et plongeant mon père dans le coma. La douleur et le poids de la culpabilité de n'avoir pu protéger les miens furent grands. L'impuissance me rongea mais j'eus la chance dans mon malheur d'être entouré. Ce drame fit planer le doute quant à mes aptitudes psychologiques dans l'esprit de mon mentor qui craignait me voir sombrer dans la haine et la soif vengeance. Pourtant, je parvins - non sans mal - à faire face, soutenu par Nightwing et Alfred. Ils me permirent de rester stable, m'écoutant sans jugement et bientôt, Bruce perdit ses doutes.

Plusieurs mois s'écoulèrent et finalement, mon père sorti du coma, mais bientôt entre nous naquirent des tensions. Mes absences inexpliquées et répétées, le "remplacement" de son rôle paternel par Bruce en furent la cause principale. L'arrivée du médecin Dana Winters changea cependant la donne. Ce fut sans doute ma non présence d'ailleurs qui, au fil du temps, le jeta dans les bras de celle qui s'occupait de sa rééducation.

Un an plus tard, Batman subit de nouveau un triste coup du sort. Lors d'un affrontement contre Bane, celui-ci lui brisa le dos. À son réveil dans la batave, Bruce découvrit sa paralysie nouvelle, chose qui m'abattu, me replongeant dans les souvenirs de ce qui était arrivé à mon propre père. Je ne pouvais cependant me résigner à voir mon mentor, mon idole, brisé et avec Alfred, je décidai de faire appel au Dr Shondra Kinsolving. Incapable désormais d'endosser son costume, il confia son rôle à Jean Paul Valley, un ancien assassin conditionné par une secte mais qui était devenu son allié. En effet, le Chevalier Noir absent, Bane déclenchait une vague de chaos sans précédent sur la ville. J'acceptai son choix, malgré quelques réticences. De loin, Dick aurait été, selon moi, le plus à même de prendre sa place, mais Bruce refusa de le voir tout risquer. Finalement, Jean parvint à stopper Bane et devint mon nouveau "partenaire". Celui-ci pourtant était particulièrement instable de par son passé de tueur pour la secte de l'ordre de St Dumas où il répondait au nom d'Azrael. Bientôt sa violence et son agressivité m'alertèrent et je tentai de l'arrêter sans aucun succès.

Sons parasitaires rendant inaudibles les paroles suivantes. La bande audio était trop endommagée.

Lorsque Bruce revint et découvrit les débordement de Jean alors que je ne lui en avais touché mot pour ne pas ralentir son processus de guérison, je su que quelque par, il m'en voudrait. Malgré cela, il parvint à contraindre Jean à rendre son costume. Cependant, mon mentor n'était pas totalement guéri et il ne pouvait encore reprendre pleinement son rôle. Deux mois durant, Dick prit donc sa place avec moi, Robin, à ses côtés. Intérieurement, j'étais particulièrement heureux que Bruce l'ait choisit lui plutôt qu'un autre et que Dick ait accepté. Trois mois durant, Dick m'avait formé, je savais probablement plus qu'un autre combien il était à même de relever le flambeau.

Retrouver mon mentor comme partenaire lorsqu'il fut pleinement rétablit fut pour moi une joie immense, bien qu'entachée par le départ de Dick. Bruce, malgré les épreuves qu'il avait traversé, était resté pour moi le héros de mon enfance. Nouveaux grésillements privant de toute compréhension l'enregistrement sur plusieurs minutes.

Plus tard, mon père me démasqua et les premiers temps furent particulièrement difficiles. Pourtant, il finit par comprendre que pour moi, porter le masque n'avait rien d'une lubie d'adolescent, que je ne voyais pas là un jeu et que je contribuais à quelque chose de bien plus grand que lui, que moi, que nous… À contrecoeur, il se fit à cette idée et composa avec, malgré son inquiétude qu'avec le recule, je sus justifiée. Pour la première fois de sa vie, il me dit une chose que jamais je n'oublierai : mon père était fier de moi.

Malheureusement, sa route croisa celle du Capitaine Boomerang. Une nouvelle fois, j'échouais, je n'arrivai pas à temps pour le secourir. Mon père fut assassiné. Interruption momentanée de la bande. Dans un premier temps, Bruce voulu m'adopter, mais je refusai, conscient du ressentiment de mon défunt père à son encontre lorsque durant son coma, Bruce avait en quelque sorte, prit sa place. Je m'inventai alors un oncle "Eddie", usant de nombreux stratagèmes et de faux papiers. Lorsque Bruce découvrit la supercherie - parce que l'on ne peut cacher bien longtemps quoi que ce soit à un homme tel que lui - plutôt que de m'en vouloir, il m'enseigna comment brouiller toutes les pistes. Quelques mois s'écoulèrent et finalement, le malaise qui m'avait fait refuser l'adoption se dissipa et Bruce m'adopta.

Long moment de friture sur la bande enregistrée.

Vint alors ce triste soir de Novembre 2012… Plus que jamais nous étions menacés. Le danger fut sans précédent car cette fois, il ne s'agissait plus de "simples" criminels, mais d'une menace venant "d'ailleurs"… Paroles inaudibles. Batman perdit la vie dans un ultime affrontement. Sifflements privant de toute compréhension d'une partie de la bande.

Il ne pouvait réellement être mort, je ne pouvais m'y résoudre, l'accepter. Il devait se trouver quelque par. Il le fallait. Il ne pouvait en être autrement. Je ne parvenais pas à faire mon deuil, celui de mon mentor, de mon héros… Et quelque par, celui de cette figure paternelle que j'avais, quelques années plus tôt, perdu. Aussi, commencèrent recherches et investigations dont bien sûr je ne partageais ni l'objet, ni la teneur. Bruce était vivant, j'en avais la certitude, je le sentais au plus profond de mes tripes. Je ne cessais cependant pas mes activités à Gotham, portant désormais trois casquettes : l'étudiant pour le monde, le justicier pour la nuit et l'enquêteur pour moi-même. En attendant le jour où enfin tous sauraient que j'avais raison, que Bruce n'était pas mort, ma décision de poursuivre, de continuer son oeuvre, en sa mémoire, parce qu'il le fallait, parce que Gotham en avait besoin, parce que la ville saignait et dans sa plaie béante l'infection se répandait : les criminels ne cessaient pas leurs activités. Pire encore, ils voyaient en la disparition du chevalier noir l'occasion inespérée d'accroitre leur position à Gotham…

Désormais il n'y avait plus lieu que Robin demeure. Red Robin vit le jour et derrière le masque, je poursuivais l'oeuvre de mon mentor non sans difficultés. Bien sûr, j'avais toujours été relativement indépendant, menant de mon propre côté, mes propres investigations depuis longtemps, mais être à la hauteur de mon héros - peut-être l'idéalisais-je, je l'ignore - se révélait être une tâche ardue à laquelle pourtant je refusais de me soustraire. Le Manoir était vide sans lui, il ne restait plus qu'Alfred et moi… Mais je le savais, un jour Bruce reviendrai. En attendant, pour que nul ne fasse le lien entre Bruce et le chevalier noir, la disparition de ce dernier fut cachée, gardée sous silence et je contribuai à ce que l'on pense qu'il soit "en voyage"...

La bande audio émit des sons particulièrement aigüe contraignant le curieux d'interrompre l'écoute. Une avance rapide et seule la fin de l'enregistrement pu être entendue.

En d'autres termes, la mission de protection de Gotham n'est pas terminée. Les rues de la ville ne sont toujours pas sûres. Alors toi qui écoute ces mots, comprends qu'il ne tient qu'à toi désormais de faire la différence. Prends la relève, insurge toi contre l'injustice et le crime… Ou bien retourne dans ton terrier faire silence sur ce que tu as entendu et subit comme un mouton la folie des criminels qui ne t'épargneront pas… Tu peux en être certain. Chacun est touché, chacun est concerné.

Fin de l'enregistrement.Très tôt, Tim démontra son incroyable intelligence bien au dessus de la moyenne : il n'était encore qu'un enfant lorsqu'il découvrit l'identité de ceux qui arboraient une chauve-souris en étendard. Son rêve de l'époque : devenir le plus grand détective que le monde ai jamais porté. Curieux, malin, un esprit de déduction et de logique hors pair, une logique excellente, un sens de l'observation aiguisé, un bon instinct et nourrissant une soif de connaissance intarissable… Ce fut presque naturellement qu'il en vint à ces conclusions. D'un naturel vif et n'appréciant pas l'inaction, Tim peinait déjà à tenir en place. Passionné par la résolution d'énigme, Tim était également un enfant particulièrement perspicace et relativement mature pour son âge.

Le jeune homme est désormais de ceux à mettre la barre haut, très haut. Loin d'être orgueilleux à outrance, il est cependant particulièrement exigeant avec lui-même, probablement trop d'ailleurs. Il vit très mal l'échec, puisque selon lui, ce sont de ses échecs que les pertes de ses proches sont survenus. Il n'était pas à la hauteur, il n'est pas parvenu à protéger les siens. Tim a également tendance à aller au bout des choses, à toujours repousser ses limites. L'une de ses plus grande qualité est sans aucun doute sa volonté. Ne baissant réellement jamais totalement les bras, le jeune homme se force à aller de l'avant, même si la vie ne le ménage pas et se montre très cruelle à son encontre.

Têtu et parfois indiscipliné, lorsqu'il a quelque chose en tête, il est impossible de le lui enlever, qu'il s'agisse d'une chimère ou non. En quête constante inconsciemment de reconnaissance, il n'a de cesse que de chercher à démontrer sa valeur et ses qualités, presque comme s'il était à la recherche de quelque chose lui faisant aujourd'hui plus que jamais, cruellement défaut.

Lorsqu'il ne porte pas son masque, Tim est plutôt bon camarade et est de ce fait plutôt sociable, même s'il reste toujours sur sa réserve et secret, peinant à faire pleinement confiance. Tim fait preuve d'un humour qui lui est bien souvent propre et il n'est pas rare que ses blagues fassent des "flops" ou soient mal interprétées. Ayant donc assez facilement le mot pour rire de toute situation, c'est aussi pour lui une manière de garder les pieds sur terre, de ne pas perdre pied et de dédramatiser n'importe quelle situation, même lorsque celle-ci est particulièrement critique. Il ne blesse cependant jamais quiconque intentionnellement - à moi que l'on ne l'ai expressément cherché ou provoqué, bien entendu. Le jeune homme n'est ni du genre à tendre deux fois la main lorsqu'on lui crache dessus une première fois, ni du genre à tendre le bâton pour se faire battre. Il aurait d'ailleurs tendance à mordre avant d'être mordu.

Nourrissant depuis l'enfance une soif de justice, son contraire le révolte au plus haut point. Protecteur, avec ou sans son masque, il a tendance à veiller sur ceux qui ne peuvent le faire eux-même et cela très facilement. C'est une chose naturelle chez lui. Malgré le besoin "naturel" de taire ses activités, il ne supporte ni le mensonge, ni la manipulation et vit particulièrement mal ce qu'il juge comme étant une trahison. Chose d'ailleurs qu'il ne pardonne pour ainsi dire jamais. Hors de lui, Tim peut se montrer particulièrement sarcastique. En revanche, plus mature généralement qu'il ne le devrait pour son âge, il n'est pas impulsif et se montre réfléchi, sachant garder son calme, même si certains évènements rendent l'exercice particulièrement difficile. Malgré cela, Tim reste un jeune homme de dix-sept ans, avec ce qu'implique cet âge, et certaines faiblesses qui en découle, à l'image de son refus d'admettre le décès de Bruce. En effet, Tim refuse de croire en la mort de son père adoptif. Pour lui, Bruce est en vie, quelque par. Le retrouver est une quête qu'il mène secrètement seul, ne partageant aucunement ses certitudes.

Tim est donc aujourd'hui un jeune homme ayant trois visages : Tim Drake, fils adoptif de Bruce Wayne; Red Robin, le justicier; "le disciple" à la recherche de son mentor qu'il est persuadé être toujours en vie. La chose l'amène donc à nourrir quelques difficultés pour concilier sa "triple" vie.