Il lui semblait évident à présent que c'était dans la poussière et le noir qu'on discernait le mieux la petite lueur d'espoir qu'on aurait pu louper à d'autres moments. Elle la connaissait celle là. Elle lui était familière. Ce n'était pas la première fois qu'elle l'avait vu et ce ne serait possiblement pas la dernière. Pourtant elle pensait avoir atterrit au fond du fond des années plus tôt. Preuve étant qu'il existait toujours plus de doubles fonds qu'elle ne pouvait l'imaginer. Il allait encore falloir racler les fonds de tiroirs pour trouver encore plus de ressources. Mais lui en restait-il, à elle, finalement ? Elle en avait assez de se relever certains matins. Se relever métaphoriquement, évidemment, car elle ne pourrait juste plus se relever tout court. Les jambes coupées, bientôt ses bras le seraient aussi, de tant taper ; sur le clavier ou sur la table : son poing qui avait été si facile à provoquer à une époque semblait avoir vieillis de plusieurs dizaines d'années. En se couchant, souvent, elle se trouvait la dégaine d'une vieille qui aurait tant vécu que ses vieux os tremblant résonneraient encore de son histoire. Ses vieux os à elle portent le poids d'une histoire lourde et sourde depuis longtemps. Mais les cicatrices de ces histoires-ci ont tendance à ne pas vouloir s'effacer ou à ressaigner de plus belle après plusieurs années...

Une cicatrice pour son père malmené. Pourtant il n'avait jamais vraiment mal agit. A croire que c'était toujours les plus appliqués et les plus justes qui finissaient forcément en martyr. Il l'avait peut être cherché avec son boulot, et surtout avec cette ville. A trop la fréquenter de près, on finissait par être aveuglé par toute cette merde et cette puanteur. Le départ de Barbara, la mère de la rouquine, et de James junior n'avait été que la fin bien triste d'une histoire qui n'avait pas commencé sous les meilleurs hospices. Les débuts de son père dans la police avait fait beaucoup de remous, plus encore lorsqu'ils ont déménagés de Chicago pour venir à Gotham. La jeune femme se souvient avoir souvent vu son père rentrer à la maison très tard, énervé, maugréant et jurant contre ses collègues. Tout s'était arrangé lorsqu'il avait prit en grade... Ou du moins, il avait moins à se plaindre contre son propre camp. Après pas mal d'années, il avait réussit à obtenir un allié à sa hauteur finalement. En suivant ses pas contre son avis, elle aurait toujours cru apporter sur elle le malheur par rapport aux actes dissimulés qu'elle avait entreprit. Finalement, ce fut la notoriété de son père, encore, qui provoqua sa perte. Cette cicatrice là, ils la partagent tout les deux à présent. Et malgré le fait qu'ils étaient déjà bien proches après tout ce temps et toutes ces chutes, il semblait que James réalisait tout juste à quel point tous ceux qui étaient dans son ombres étaient fragiles.

Il ne fallait pas oublier une cicatrice pour Dick. Après tout, il l'avait beaucoup guidé à ses débuts accidentels dans le « métier ». Elle était tombée dans le costume de Batgirl alors qu'elle ne l'avait pas voulu. Jeune rouquine déguisée pour un bal masqué, elle termine en seul rempart pour protéger de riches investisseurs pour la ville de Gotham. En deux heures seulement, son alias avait été trouvé, estampillé et relayé par les médias. Si elle l'avait voulu, elle n'aurait pas pu revenir en arrière aussi vite. Mais après tout, elle recevait enfin la reconnaissance qu'elle voulait après s'être fait gentiment virée de l'école de police car elle était trop petite. Voilà un endroit où aucune règle ne pourrait lui interdire l'entrée pour cause de trop petite taille : la rue.

Bien sur, son insertion dans le monde de la nuit n'avait pas plu à celui qui en tenait le monopole à l'époque. Le chevalier noir avait envoyé son petit toutou au début, comme elle l'appelait. Ils l'ont surveillés, longtemps. Barbara avait aussi longtemps suspecté Robyn de vouloir la voir échouer. Mais cette méfiance fut très vite balayée par la sympathie qu'elle ressentait vis-à-vis de lui. La sensation qu'elle n'était pas admise dans le club lui donner encore plus envie de défoncer la porte pour s'imposer. A croire que sa manière de faire n'avait pas totalement déplu au possesseur des lieux ni à son acolyte. Ce dernier finalement, lui a causé la plus grande cicatrice qu'elle n'aurait jamais pu avoir. Très tôt elle avait été résolue dans son idée qu'elle ne trouverait jamais quelqu'un pour la supporter... Elle avait ainsi enterrer avec ça tout besoin de séduction. Ca avait été dur d'aller chez lui avec cette décision de tout lui dire. Elle aurait cru mourir lorsqu'elle a toqué à sa porte. Ce qu'elle y vit la rassura d'une part : elle n'aurait rien à dire finalement, et elle ne saurait pas sa réaction en face à face. Très bien. Le plus con avait encore été d'espérer. Peut après la mort de Jason, Bruce se fit blesser par Bane et le rôle de la chauve-souris était vacante... L'élu ne fut pas à la hauteur et c'est tout naturellement que le nom de l'ancien Robyn vint à l'esprit de la jeune femme. Deuxième cicatrice enfin, lorsqu'elle entendit que Huntress et Dick avait été brièvement ensemble. Elle s'était sentit infiniment stupide d'avoir pu penser une seule seconde que le fait que Dick soit dans les parages lui donne une chance... A présent, c'était terminé.

Déjà, son état physique la rendait encore moins désirable qu'avant. La pitié et la condescendance ne conduisaient que rarement à l'amour fou et inconditionnel. Non. Ensuite, Dick ne voulait pas revenir à Gotham. Enfin, Barbara en avait soupé de tout ça. Son cœur était lourd, plus lourd que ses jambes mortes à cet instant, et elle ne pouvait plus porter plus de malheurs encore.

Une cicatrice pour elle, pour 2010, lorsqu'elle finit par se faire griller les ailes par le Joker. Étrangement, elle s'en voulait plus à elle même qu'à ce fou. Après tout, elle n'était pas sa première victime, ni sa dernière. Elle, avait choisit de vivre dangereusement et la rouquine avait prit ça comme un dommage nécessaire au fur et à mesure du temps. Elle aurait cru en mourir pourtant, elle l'aurait voulu à certains moments. Mais son père, Bruce et ses études d'informatiques aidant, elle avait ramassé les débris de ses ailes en morceau pour construire quelque chose de plus grand et d'intangible. Ainsi, personne ne pourrait la casser une deuxième fois. Son matériel informatique, froid, financé en majorité par les laboratoires de Bruce, à la tour Wayne, lui remplaçaient son cœur boursouflé et ses jambes inertes. Elle se déplaçait deux fois plus vite que tout le monde sur les ondes magnétiques. Elle était une source d'informations sans fonds, elle n'avait pas besoin de sentiments.

Pourtant, à la cicatrice de 2012, son cœur avait fait un bond. La cicatrice la plus grande, la plus étouffante, celle de Bruce. Car finalement, tout lui ai lié d'une manière ou d'une autre. Dick, son père, Gotham, elle... Et le voilà partit. Elle avait mit une semaine avant de le réaliser. Elle l'avait cherché, dans ses réseaux, chez ses indicateurs, chez ses amis hackers, partout. Nul part. Elle avait eu encore envie de lâcher. D'arrêter. Mais Alfred l'avait secoué, l'avait réveillé : elle était grande. Bruce n'avait pas fait marché ces machines, elle l'avait fait. A présent, c'était l'une des seules à avoir un lien direct avec ce qu'avait commencé Batman. Il était de son devoir de continuer ce travail.

Sans cœur, sans jambes. Penser ordinateur... Chercher une solution... Batman... Le symbole ne devait pas mourir, sinon c'était la fin de tout. Le peuple, ils l'avait perdu. Il fallait de l'aide. Même si ses poings s'étaient serrés à cette pensée, elle savait pertinemment qu'il n'y avait que ça à faire.

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