Bart était de sortie ce soir. Oui, c’était pour de la patrouille, non, ce n’était pas pour éviter cette dissertation qui attendait depuis bien une semaine d’être écrite. Il avait déjà dû demander un délai et avait haussé les épaules quand le professeur l’avait averti qu’elle lui enlèverait un point de retard. Après tout un super héros devait pouvoir sacrifier sa vie privée !

Il avait couru un moment dans toute la ville, avait arrêté un cambriolage d’une supérette et avait demandé au propriétaire s’il pouvait garder une barre de mars. Celui-ci avait accepté un peu trop abasourdi pour dire quoique ce soit d’autre. Il ouvrait la barre quand il entendit des policiers à l’arrêt à un feu rouge parler d’une bagarre un peu loin entre cette avenue et des rues perpendiculaires. Un quartier connu pour craindre plus que la moyenne …Ce qui à Gotham voulait dire que c’était l’équivalent d’un abattoir pour un troupeau de bétail. Bart avait couru au côté de la voiture un moment pour essayer d’entendre ce qu’ils voulaient dire à propos de cet affrontement et avait dû monté sur le toit pour pouvoir s’arrêter de courir et écouter attentivement. Faire les deux à la fois était faisables mais toujours un peu difficile pour lui car les gens parlaient bien trop lentement. Il ne maitrisait encore qu’à peine sa vélocité. Il s’agissait d’un certain « Red hood », à première vue un gars violent mais ce qui était intriguant était que les deux policiers ne savaient pas dans quel camp placer l’énergumène, plutôt un criminel même s’il se débarrassait des autres dans son genre. Et une ville comme Gotham ne crachait pas sur quelconque moyen pour éliminer la vermine aussi violente et rouge pouvait-elle être.

La voiture allant trop lentement au goût du jeune homme, il attrapa avec ses dents sa barre de chocolat qu’il ne comptait pas abandonner, mission ou pas, et sauta du toit de la voiture avant de partir en courant. Il entendit la voiture klaxonner derrière lui mais il était déjà trop loin pour réagir et il ne fit que lancer un « Venez m’attraper si vous le pouveeeeezzz » qui fut sans aucun doute étouffé par le vent.

Il n’eut pas de mal à trouver le petit chaperon rouge car il entendit bientôt du bruit dans une ruelle un peu plus sombre que l’avenue principale. Des bruits de fracas se faisaient entendre ainsi que des grognements et des insultes. Il aperçut d’abord les deux hommes. Deux grands gars qui semblaient mal au point au vue de l’œil au beurre noir de l’un et à la méchante plaie parcourant tout l’avant-bras du deuxième. Face à eux et dos à Bart se trouvait the Red Hood à n’en pas douter…car effectivement il avait un masque rouge. Il aurait pu trouver quelque chose de plus fancy, se dit le jeune garçon en déballant finalement entièrement la barre de chocolat qu’il n’avait pas encore pu entamer, juste du rouge, c’est un peu ennuyeux, un petit éclair sur le front aurait été sympa par exemple…ah non, c’était déjà pris par un britton. Il ne semblait en tous cas avoir aucune difficulté même à deux contre un et Bart ne chercha donc pas à l’aider plus occuper à admirer sa manière de faire. On lui disait souvent qu’il était brouillon, ce à quoi il répondait que les autres ne pouvaient pas le voir car il allait bien trop vite pour eux. Mais il pouvait apprécier un joli uppercut élégant et surtout cette silhouette droite qui ne semblait pas faillir sur les coups des malfrats. Il s’attendait à quelque chose de moche qui lui ferait détourner les yeux mais non, on aurait dit un balais…en plus excitant car il dormait toujours lors des balais de danse. Il avait jamais compris l’intérêt d’agiter les bras et les jambes en cadence sur une musique qui de toute manière était toujours bien trop lente à son goût.

Bart grimpa sur une poubelle d’un coin de la ruelle pour observer plus attentivement. Lui aussi, il voulait apprendre à vraiment se battre, à apprendre un art martial mais jusqu’à présent on lui avait toujours dit non pour des raisons qu’il n’avait jamais compris. Tu serais capable de te pocher un œil, Bart, avait déclaré Max il y a longtemps. Peut-être qu’il pourrait demander au Chaperon rouge et que lui accepterait. Il n’avait pas l’air d’être un vieux radin. Au bout de quelques minutes où Bart mâchouilla sa barre de chocolat, un des malfrats s’enfuit en courant en ayant suffisamment eu pour son compte tandis que l’autre était hors d’état de nuire au sol. Bart se décida à ce moment-là de sauter de la poubelle et d’arriver devant le Chaperon rouge pour se présenter : « Bonjour ! Comment allez-vous ? Moi c’est B-Impulse, je viens de voir, c’était impressionnant ! Vous pouvez me montrer ce coup de pied là, s’il vous plaît ? » Il tenta d’imiter le coup de pied qu’il avait aperçu juste avant de continuer : « Dis, vous pourriez m’apprendre ? C’est quoi votre nom ? Vous êtes nouveau je pense car je ne vous ais jamais vu avant !  »

Ok, c'était quoi ce môme ? Si Jason n'avait aucun mal avec la notion de Speedster -il ne l'avouera même pas sous la torture mais Wally lui avait fait peur, lorsqu'il était gosse, comme héros-, un ado surexcité comme ça, c'était quelque chose.
Et en plus, il le complimentait. A croire que Red Hood avait la côte avec les moins de dix huit ans : d'abord Sasha -penser à ramener du pain pour son petit déjeuner de demain d'ailleurs, la môme- et ensuite.. ça.
Non mais en fait il allait limite se retrouver gêné, là ! Avec un froncement de sourcil invisible derrière le casque, Jason s'approcha du minot. Etrange d'ailleurs de penser à ce garçon comme à un môme alors que peu d'années les séparaient sans doutes. Bon dieu -ne jurez pas, Jason Todd, comme dirait la voix d'Alfred dans sa tête-, il n'avait même pas vingt ans. Mourir, ça vous rendait sans âge, dans le mauvais sens du terme De quoi être déconnecté de la réalité et rejeter sans doute bien plus de choses bénéfiques qu'on ne le pense.
L'enfant tombé sous les coups du Joker, le petit garçon au sourire bravache, qu'aurait-il dit à cette pile électrique ? Wally, comment était Wally déjà ? Souvenir d'une vie d'avant, oh mon dieu... Wally en train de manger, les missions plus ou moins réussies, Starfire pour lui sourire, Red Arrow en fond sonore avec un commentaire narquois, le parfum des boucles de Donna.....

 « Stop ! »

Une injonction pour lui-même, pour son cerveau engourdi mais que Bart pouvait très bien prendre pour un ordre à son encontre. Avec un soupire, Jason balança le malfrat qu'il tenait encore à la gorge dans un tas de poubelles. C'est toujours mieux de réfléchir quand on a pas les mains pleines, vous aviez déjà remarqué ?
Les gens à qui il avait cassé la gueule ne valaient rien, pour Jason ils représentaient à peine un exemple d'humanité. C'était trop dur de donner un cœur aux gens, ça impliquait de comprendre leurs actions, quitte à ce que cela balance du sel sur nos propres blessures traumatiques. Lui, il voulait pas avoir mal. Pas comme avant, plus comme avant, jamais plus. Dans un geste réflexe, il sortit une barre de céréales de sa poche -un bounty. Il en achetait plus souvent à présent, Sasha adorait- et la balança au môme. Parce qu'il se souvenait que Wally mangeait. Beaucoup.

 « T'es un Titan, pas vrai ? »

L'équipe de Tim, l'équipe du Remplaçant.Sa gorge se serra un peu : Donna, Roy, Wally.... ce qu'ils avaient représenté -ou n'avaient jamais su représenter?- bah ça lui manquait. Ca lui manquait beaucoup, à lui comme au petit garçon en sang, traumatisé et moribond qui attendait la mort dans la solitude la plus complète, abandonné avec le pied de biche à côté.
Après sa résurrection, Jason s'était pris d'affection pour les grands classiques de la littérature anglaise du XIXe siècle. Jane Austen évidemment, mais surtout les sœurs Brontë, en particulier Emily (et comment lui, le gamin des rues, n'aurait il pas pu aimer Heathcliff comme un frère d'encre et de papier?). Dans Wuthering Heights, une phrase l'avait marqué bien qu'il ne sache s'en souvenir mot par mot. Il se rappelait de l'essence cependant : être seul à sa naissance, aussi seul et abandonné que nous le serions au jour de notre mort. C'était cela la vie : la solitude La silhouette de Bruce, toujours de dos, Alfred présent et si distant à la fois...et où est ma vie à moi?

 « Bouffe ça et vas y mollo »

Impulse, Impulse.... c'état quoi ce nom, et surtout c'était quoi cette fraîcheur candide, celle qui lui faisait dire bonjour à un type bizarre tabassant des méchants ? Impulse, impulsif.... un mot qui lui fit remonter un frisson le long de sa colonne vertébrale.  « Cesse d'être impulsif, Jason ! ». Bruce, ta gueule, tu es mort... Tu es mort sans même revoir ton fils prodigue vivant de nouveau, lui. L'impulsivité était un défaut, pourtant le gamin semblait porter le pseudonyme sans complexe aucun. Et il avait remarqué son coup de pied retourné.
Un coup brutal, dur à apprendre, qui nécessitait une certaine carrure pour bien répartir le poids du corps et du coup. Rien d'inédit évidemment, mais Jason ne tenait pas cette technique de l'enseignement de la Ligue ou bien même de celui de Ducra. Avec eux, il avait appris d'autres coups de pieds, mais celui là, il l'avait volé. Volé au souvenir d'un père adoptif, effrayant dans son uniforme noir et son masque de Justice. Batman avait l'habitude de tels coups, hors de question cependant de les inculquer à la morphologie gracile et enfantine d'un Robin. D'un Robin enclin à la violence qui plus est, Jason avait appris seul, coups d'oeils volés, regards en coin, entraînement silencieux.
Impulse avait-il fait le rapprochement ou bien son intérêt était-il sincère ?

 « Tu veux quoi ? J'ai aucune envie de te casser le nez ou quoi que ce soit même si je me doute que tu sais te battre. Frapper les mômes, c'est pas ma philosophie, ok ? »

Jason parlait de sa voix basse un peu trop triste, un peu trop profonde, et se rappela alors que le gmin lui avait demandé son identité. Il y eut un moment de silence, dans lequel l'homme peina à déglutir, la gorge sèche.

 J'étais un Titan, j'étais Robin....

 « ...Red Hood, c'est ce que je suis. Ouais, tu peux m'appeler comme ça. »

Pourquoi l'enfant l'appellerait-il ? Pour une arrestation après lui avoir envoyé l'équivalent de la Tour des Titans sur le dos ?

 « Robin me connait » Prononcer ce nom lui écorchait les lèvres tout autant que le cœur. Il enleva le casque, sombre,  les yeux cachés par le domino. « On a bossé sur une affaire ensemble, déjà. »

Et pourtant, l'homme savait très bien que contrairement à Timothy, il ne se situait pas du côté des anges, bien au contraire. Son choix... son choix vraiment ?
Son choix toujours...

Le petit chaperon rouge s’approcha de lui et Bart se fit violence pour ne pas faire un quelconque mouvement ; comme tendre la main pour serrer la sienne, lui faire la bise peut-être comme les français…ou les russes…enfin quelque chose dans ce genre, il pouvait peut-être demander une photo, mais il avait pas d’appareil, cela dit, ça lui prendrait deux secondes top chrono pour aller récupérer son appareil…ou même son téléphone…quelque chose qui fasse de la photo en somme. Mais Il avait appris que cela ne se faisait pas sur une scène de crime ou entre justiciers, ou avec un criminel…bref ça ne se faisait pas quand on était pro. Et Bart avait décidé d’être pro. Il écarquilla les yeux quand le chaperon rouge lui intima de se taire et il se demanda s’il avait lu ses pensées. On lui avait souvent dit qu’il allait trop vite et c’était déconcertant. C’est pour ça qu’il essayait de ne pas trop bouger, de ne pas trop parler, de ne pas trop tout, quoique peu de personnes semblaient réellement s’en rendre compte ! Bref, c’était effrayant si le chaperon rouge avait la faculté de lire dans les pensées. Peut-être devrait-il penser à toute vitesse pour l’embrouiller ? Ou penser à des choses inutiles ? Qu’est-ce qui pourrait suffisamment être inutile pour que le chaperon rouge s’en lasse ?

Il ne se demanda pas longtemps s’il devait essayer de l’embrouillait à coup de pensée fulgurante quand l’inconnu lui envoya un bounty qu’il rattrapa sans aucun problème. « Woah ! Woah ! Merci ! Trop sympa ! » S’exclama-t-il en découvrant la barre chocolatée. Il ouvrit le paquet avec une dévotion quasi religieuse. Vraiment, il adorait les bounty en plus et la barre précédente n’était pas suffisante pour assouvir son envie de sucre. Etant toujours en mouvement, il dépensait beaucoup d’énergie et devait consommer beaucoup plus que la moyenne. Il passait son temps à se goinfrer et parfois ça ne suffisait pas pour autant à calmer sa faim. Quelqu’un qui lui offrait à manger du moment que ce n’était pas des sushis devait certainement être quelqu’un de bien, aussi coincé et ténébreux celui en face de lui semblait vouloir être. Il n’avait pas répondu à la question précédente de l’inconnu car il n’était pas sûr s’il pouvait en dévoiler autant qu’il voulait à son propos et préféra goûter son nouveau met. On lui avait déjà dit mile fois de ne pas trop en dire, chose qu’il avait une difficulté énorme à ne pas faire.

Bart mâchouillait encore un morceau quand le chaperon rouge sembla lui indiquer qu’il ne souhaitait pas le frapper. « Tant mieux, je n’ai pas envie que tu me tapes. J’étais là par hasard ! Pour tout dire, j’ai entendu la voiture d’une police qui venait dans ta direction donc je suis venu voir pour m’assurer qu’il n’y avait pas besoin de moi et finalement j’ai vu que tu étais occupé, donc je me suis dit que j’allais attendre avant de te déranger, au cas où et puis c’était joli ce que tu faisais donc j’ai préférais regarder…désolé, j’aurais peut-être du te prévenir avant que je regardais… mais je n’aurais pas voulu que tu te fasses blesser par ma faute, tu vois… » …Il se tue un moment avant de se dire que peut-être il en avait trop dit. Il n’eut pas besoin d’y songer plus longtemps alors qu’au loin le bruit des sirènes se faisait entendre de plus en plus fort. ... « D’ailleurs je crois que c’est la police. » Il regarda l’homme masqué un instant sans bouger et attendant de voir ce qu’il allait faire. Il se doutait qu’il ne pourrait pas rester dans le coin trop longtemps. Les policiers n’étaient pas méchants mais pas doués pour un sous et avait tendance à jamais enfermer les bonnes personnes. Les premières fois où Bart s’était retrouvé au poste, Max était venu le chercher furieux. Depuis, qu’il soit du bon côté ou pas, il faisait attention à ne pas se faire prendre.

Au moins, il connaissait le nom du chaperon rouge à présent. Ça pouvait toujours être utile. Bart eut un léger sourire avant de s’exclamer. « Enchanté ! » Au bout de quelques secondes il reprit la parole en essayant de ne pas avoir l’air trop enjoué : « Tu connais Robin ? Moi aussi ! » Il s’était retenu de lui dire que c’était son meilleur ami, qu’il l’adorait et qu’il aimait passé du temps en sa compagnie malgré que parfois il prenne trop de temps à le rabrouer pour des broutilles. Règle numéro 1 du superhéros : la planète entière n’a pas besoin de savoir qui sont tes meilleurs amis. Au lieu de cela il se contenta d’un « Depuis ….enfin… tu sais quoi, il s’est un peu renfermé. » Peut-être n’aurait-il pas du dire cela non plus. Après tout, s’il ne devait pas parler de ses meilleurs amis, il n’avait pas à parler de leurs sentiments. Rah que c’était difficile par moment. Il préféra donc changer de sujet en tournant autour de Red Hood tout en finissant sa barre de chocolat : « Bref, c’était quel genre de mission ? Il ne m’a jamais parlé de toi ! Bon, il est toujours un peu silencieux, c’est un truc de Robin ça et de Batman, c’est un truc de Robin et de Batman…Ce n’est pas comme Wa…Flash qui parle beaucoup trop mais je ne peux rien dire vu que c’est mon aîné, ne le répète pas. »

Finalement, il cligna des yeux avant de dire « Tu devrais te cacher c’est ça ? De toute façon, personne n’aime jamais la police ! Mais je peux te suivre ? Où ils vont encore me rabrouer, je vais avoir des ennuis, surtout que je n’ai pas fini ma rédaction donc ça va être pire, je risque d’être puni, imagine si l’apocalypse arrive et que je ne peux pas sortir de chez moi pour sauver le monde ? ! »

Et juste avant qu'il n'en prenne réellement conscience, Jason commença à apprécier Bart. Le môme pouvait rappeler Wally, peut être, sauf que l'ancien Robin n'avait jamais connu Wally plus jeune que lui. Pour lui, il avait toujours fait parti des « aînés », peut-être même un peu plus encore que Dick. Il se rappelait néanmoins d'un homme loin d'être méchant, mais toujour prêt à chiper dans votre assiette.
C'était facile d'aimer Wally, surtout lorsqu'on avait aucun compte à lui rendre. Un peu comme pour Dick, non ? Tout le monde adorait Nightwing, sauf Jason qui au delà de son admiration enfantine, souffrait de la pression de son aîné, rajoutée à celle de Batman. Et Wally, comment se comportait-il avec ce speedster en culottes courtes, jeune, tellement jeune ? Kid Flash avait été plus âgé que Robin premier du nom, il faisait parti des « vétérans », comme Roy. Des « presque adultes », un espèce d'honneur particulier si on pouvait dire et lorsque Jason s'était retrouvé bombardé à la tour des Titans, tout neuf dans son slip à écailles, lui il était à peine un bébé pousse de haricot. Au moins il était à la bonne taille pour regarder discètement les seins des filles...

Bien que physiquement, il y ait peu de différence, Jason fut convaincu que Bart était autrement plus jeune que Tim. Le temps d'une seconde, l'homme se demanda quel était le quotidien du speedster avec les autres, la manière dont ils le percevaient, dont il les percevait aussi, et lorsque l'enfant parla des flics, des choses qu'il voulait bien faire et tout, alors il se preit à regretter que le Robin!Jason n'ait pas eu quelqu'un comme ça dans son entourage pour s'en faire un ami.

 « Personne va avoir d'ennui, allez viens avec moi. T'as bien fait tout à l'heure, t'as bien réagi »

Lorsque Jason attrapa la main de Bart pour l'entraîner jusqu'aux toits, ce fut comme ci c'était un enfant de douze ans, qui ouvrait la voie au speedster. Un enfant à qui l'on avait volé sa belle cape jaune, son masque et ses jolies bottines vertes.

 « Par là!

Avec l'élégance des chauve-souris, il gagna les hauteurs jusqu'à atteindre quelque recoin obscur où les deux héros pourraient reprendre leurs conversations. Les sirènes de police s'agitèrent en contrebas, mais nul ne les chercha, à Gotham les toits appartiennent à un monde différent.

 « Robin n'a pas le droit de parler de moi, parce que ça ferait du mal à beaucoup de personnes. Je ne te demande pas de comprendre, je sais que c'est compliqué... Et oui, il va mal. Il a perdu ses parents, et dernièrement son père adoptif. Il se croit redevenu seul au monde, sans personne. C'est dur pour lui et c'est dur pour les autres. Mais si tu es son ami, je suppose que ça va aller... »

Pas parler. Un truc de Batman, un truc de Robin. En y repensant, Jason eut un sourire amer, vite effacé par un haut le cœur. Pour ne pas que l'esprit s'effondre, le corps réagissait physiquement... Avait-on déjà oublié le petit Robin maigrichon et bavard, celui à qui même Wally avait fait les gros yeux en pleine mission pour lui dire de se taire ? Le jeune homme posa un genou à terre, le visage pâle. Agité, bavard, Jason se rappelait avoir fait pas mal de tapage dans la Tour. Mais cela était dans une autre vie, et à présent il n'était qu'un nom dans la poussière, déjà effacé, déjà oublié...

 « Le...Les deux premiers Robin étaient très bavards. C'est dans le caractère de celui là de ne pas parler, de vraiment copier Batman. Mais il est aussi devenu Robin plus âgé que m...que...que les autres lorsqu'ils étaient plus jeunes. »



Avec un soupir, Jason s'assit, jambe dans le vide, comme il avait l'habitude de le faire, gamin.

 « Tu peux dire ce que tu veux de Flash, même si c'est ton aîné. Tu t'entends bien avec ? Avant j'avais quelqu'un, c'était pas mon mentor, mais c'était mon aîné quand même, j'sais que je l'admirais mais que j'avais aussi beaucoup de mal. Les ges voulaient que je sois comme lui, c'était dur... J'suppose qu'on te demande d'être comme Flash aussi. »

La petite chambre dans la Tour des Titans, les longues nuits passées à pleurer, l'oreiller serré contre soi, parce qu'on sait qu'on a été minable, pas comme Dick, pas comme Nightwing.
Une légère brise s'était levée à présent, la ville s'apaisait pour un temps, jsqu'à la nouvelle attaque, jusqu'au prochain meurtre.

 « D'ailleurs c'est quoi ton pseudo, Kid Flash ? »

Bart eut un réel sourire quand le chaperon rouge lui fit remarquer qu'il avait bien fait. Il sauvait souvent le monde en solitaire, plus qu'accompagné à vrai dire, mais il ne savait jamais trop ce qu'il faisait de bien ou de mal. On ne le lui disait que trop rarement. En général, la plupart ne pouvait pas voir ce qu'il faisait, car il allait trop vite et l'autre s'arrêtait seulement à sa grimace d'une minute avant, sa blague qui n'avait pas lieu d'être ou son jeu trop enfantin alors que non ce n'était pas un jeu, mais la réalité. Une réalité qui pouvait s'avérer brutal s'il ne faisait pas attention, mais diantre il était au courant ! Il n'était plus aussi innocent qu'on ne voulait le croire. Bref, il était content et c'est sans doute pour cela qu'il suive docilement Red Hood sans chercher à accélérer. Il savait que beaucoup n'aimait pas la vitesse supersonique de Bart, ça donnait le vertige, cela allait trop vite, ils ne contrôlaient plus rien. Pour lui c'était difficile de rester aussi lent, mais il apprenait avec le temps à se mettre à la même vitesse que le reste du monde.

Et il y avait quelque chose de drôle à suivre l'inconnu plus si inconnus. Celui-ci était habile et cela se sentait qu'il n'en était pas à sa première escalade dans les hauteurs de la ville. Il semblait connaitre les lieux comme s'il y avait toujours vécu - c'était peut-être le cas et d'une certaine manière, il était plus rapide que beaucoup... et même si ce n'était que des millièmes de secondes, pour Bart cela importait.

Quelques minutes plus tard, ils étaient sur les toits. Bart se pencha un long moment par-dessus le bord, les cheveux se soulevant sous le vent nocturne alors qu'il tentait de deviner l'échelle de grandeur des voitures en contrebas. Ils étaient dans un coin tranquille, avec un peu d'ombre pour les cacher de quelques oiseaux qui voleraient suffisamment haut et loin de toute civilisation humaine. Au bout d'un moment, il revint auprès de Red Hood s'asseyant par terre et ramenant ses jambes contre lui pour les entourer de ses bras. Il ne comprenait pas tout, mais il pouvait bien essayer. Et il voyait ce que voulait dire Jason. C'était compliqué les histoires de Robin. C'était compliqué les histoires de super-héros. Lui était le seul impulse et de Kid Flash il n'y avait eu que Wally, mais pour les chauves-souris c'était une tradition, c'était une image plus qu'un personnage et ça passait un peu au-dessus de la tête de Bart hormis que c'était important. « Il n'a jamais été très rigolo mais c'est ...pire. » ajouta-t-il pour mieux expliquer le fond de sa pensée. Communiquer c'était difficile, cela irait tellement plus vite si c'était par image, il pourrait montrer à Red Hood leurs moments avec Kon et Tim, quand Bart et Kon faisaient les idiots et que Tim levait les yeux au ciel, esquissant parfois un sourire du coin des lèvres. Récemment, ça n'arrivait que de moins en moins et pour tout dire Bart avait plus l'impression de gêner que d'être un réel soutien.

Il regarda le petit chaperon rouge bégayer un peu et Bart haussa un sourcil à travers son masque n'étant pas sûr de bien comprendre. Mais il sentait qu'il devait répondre quelque chose alors à toute vitesse il commença « Je ne connais pas bien les deux premiers Robin, j'étais trop jeune pour tout ce qui s'est passé et Robin...enfin mon Robin...enfin tu sais le troisième Robin, bref celui après les deux autres, il n'aime pas en parler la dernière fois il y avait son costume, enfin Superboy pense que ce n'est pas le sien de costume, mais un des autres et il m'a hurlé dessus ! Est-ce que tu te rends compte ? Donc près je n'ai plus rien dit pendant 5 minutes, mais tu vois je fais attention parce que le sujet des Robins, c'est délicat...Mais c'est un truc de chauve-souris, n'est-ce pas ? Etre sombre, ténébreux et ne pas rire aux blagues. » Au final, il n'était plus très sûr d'où il voulait en venir.

Bart leva les yeux vers Red Hood, clignait des yeux plusieurs fois alors que son regard glissait sur sa posture presque dans le vide, mais sans que son attitude ne reflète une quelconque peur, un vertige, quoique ce soit. Il ne savait quoi répondre. On ne lui avait jamais réellement demandé ce qu'il pensait de Wally. Tout le monde aimait Wally, c'était comme ça. Max savait à propos de sa relation avec son aîné mais c'était un des seuls et il n'était pas du genre à en parler sur tous les toits. « Je...Je... » Il cligna des yeux de nouveau. « On se ressemble beaucoup ! Enfin c'est les gens qui le disent ...qu'on agit pareil même si ...Même si j'ai du mal à comprendre parce que j'ai toujours vécu avec ...enfin pas avec lui. » Bart se rappelait. Contrairement aux autres speedster qui ne retenaient rien s'ils lisaient une bibliothèque entière grâce à leur vélocité, Bart mémorisait tout et il se rappelait encore quand il était arrivé dans le vingtième siècle. Comment il avait eu peur, mais surtout comment Wally n'avait pas voulu de lui au final. Il était resté avec Max Mercury et c'était au final très bien comme ça, mais pendant longtemps il en avait voulu à Wally, il lui en voulait toujours un peu. Tout le monde le prenait pour un joyeux plaisantin, gentil et sympathique, mais Bart ne voyait que l'aîné qui l'avait rejeté. Il finit par hausser les épaules, si Bart réfléchissait à toute vitesse c'était aussi pour ne pas s'attarder sur ce genre de pensées. « Comme qui ? Tu devais ressembler à qui ? » Demanda-t-il réellement curieux en venant s'asseoir en face de Red hood, l'imitant en glissant sa jambe dans le vide. Il était certes moins à l'aise alors qu'il agrippait de ses deux mains le rebord.

« J'aime bien Impulse, mais je pense que les gens veulent que je devienne Kid Flash...parce que c'est différent tu vois, mais je ne sais pas... Ce n'est qu'un costume mais c'est effrayant. Impulse c'est le mien, seulement le mien, Kid Flash, je ne suis que le deuxième. Mais tout le monde a changé et du monde d'Impulse il n'y a plus personne alors peut-être que ce serait mieux. » Il cligna des yeux plusieurs fois. Cet inconnu le faisait s'interroger beaucoup trop et ça le perturbait. « Qu'est-ce que tu ferais ? »

Un frisson sembla lui déchirer la colonne vertébrale. Il essaya de se reprendre, mal à l'aise, un peu effrayé aussi à l'évocation du costume. Celui-ci était un rappel de sa propre mort et, d'après ce que Tim avait essayé de lui faire comprendre aussi, un hommage de Bruce envers le disparu. Lui, Jason Todd...
Dans les histoires, le héros ne meurt jamais... A quoi avait donc bien pu penser Tim, pour réagir si violemment à la réaction de Bart? Jason se rappela soudain d'une conversation avec Dick, des années de cela, lorsqu'ils se connaissaient peu. L'enfant s'était montré rude à vouloir à tout prix questionner son aîné à propos de ses parents, incapable de voir que Dick, sans fondre en larmes, restait malgré tout encore bien marqué de cet évènement lorsque lui avait tout accepté avec fatalité. Ce n'était pas par méchanceté, mais sa volonté de toujours poser des questions, peut être pour comprendre, appréhender un autre univers moins rude que le sien -après tout il avait toujours aimé quand Dick lui parlait du cirque-, avait tout pour le rendre détestable, peu humain et malpoli.
Etait-ce la même chose pour Bart? Tim le lui avait avoué: sa présence, son "fantôme" était toujours resté entre le fardeau et l'ami imaginaire, Jason n'aimait pas se penser ainsi. Il secoua la tête, un peu sombre, et posa une main gantée dans les cheveux du plus jeune, comme pour faire pardonner la brusquerie de Tim ou tout du moins essayer.

"Ce n'était pas son costume, à ton Robin.... C'est celui du garçon mort avant lui, celui qui a été tué par le Joker. Je suppose que vous devez pas connaître du tout.... Ton Robin a du croire que si Batman vous surprenait à vous amuser avec ça, il vous engueulerait. Il a eu tord évidemment, il n'y avait pas vraiment de grande affection entre Batman et le Robin décédé"
Oh bien sûr que si il y en avait eu, mais des nuits comme celle-ci, Jason se souvenait juste des cris et des mésententes, des coups parfois et de la sensation de vide si étrange, lorsque l'impression d'être un déchet humain s'ancre dans vos os. Définitivement. Malgré tout, ses douze ans lui manquaient parce que des personnes prenaient encore soin de lui quand même. Il y avait eu Donna, Alfred, Bruce qui tentait encore de faire attention... Non, tout était allé de mal en pis lorsque Jason avait vraiment commencé à grandir. Comme Peter Pan, il aurait mieux fait de rester pour toujours un petit garçon. En fait, peut-être était-il mort trop tard? A douze ans, il aurait encore eu le droit de faire des erreurs, même mortelles... A présent, son souvenir était oublié, et les seuls à lui porterun quelconque intérêt étaient des gens comme Tim, sans ne l'avoir jamais connu vraiment.
Parfois, Jason avait simplement envie d'enlever son masque, de se présenter à la porte de Dick et... et pourquoi faire? Il était un adulte désormais, Talia y avait veillé. Celui qui avait un jour été son grand frère ne pouvait plus rien lui apporter, il le traiterait peut-être simplement de fou furieux avant de le faire emprisonner pour meurtre....

"C'est trop dur d'être souriant, c'est trop dur d'essayer de détendre l'atmosphère et de faire comme si tout allait bien avec des plaisanteries de prendre la main des autres par simple affection. Oui c'est trop dur, et malheureusement on est pas tous aussi courageux que toi"

Mais l'enfant s'agitait, visiblement sensible quant au sujet des modèles. Pauvre grosse, les choses changeaient vraiment pas... Il repensa à une fin de soirée dans la Batcave, le genou grandement amoché, la jambe rapée sur toute la longueur. Alfred le badigeonnant de mercurochrome pendant que Bruce pianotait un rapport. Lui, il essayait d'être courageux malgré la fatigue et l'énervement mais même s'il avait connu des douleurs bien pires, le stress lui donnait malgré tout envie de pleurer, ça et le silence pensant de l'endroit. Nightwing était arrivé alors, entre Bruce et lui régnait une sorte d'entente cordiale tentée de reproche désormais, et l'enfant avait tendu les bras dans l'espoir que son aîné s'occupe de lui même une seconde. Dick ne l'avait pas vu, ce soir là, Jason avait pleuré en silence contre ses oreillers, fatigué de la pression d'adulte sur ses épaules d'enfants, fatigué de l'absence définitive de sa mère et de ses bras proteccteurs.

Bart continuait de répondre à ses questions sans la moindre animosité: était-ce parce qu'elles avaient trottés dans la tête de l'enfant bien avant? Avec délicatesse, Jason ôta son casque. le posant près de lui.

"Hé gamin, approche un peu"

Avec douceur, il l'attira contre lui, l'étreignant comme il le ferait du frère qu'il n'avait jamais eu.

"Je devais être plus jeune que toi, mais je sais que je pleurais de porter un nom qu'était pas le mien. Parce que du coup tout le monde préférait le premier... Et puis c'est difficile, ça implique de suivre un modèle, d'être une ombre. L'ombre d'une ombre.... Impulse, c'est ça? J'ai pas vraiment de conseils à te donner; garde ce pseudo si tu veux, mais oublies pas qu'il signifie autant des qualités, que des défauts. Des différents de Kid Flash, mais qui existent quand même. C'est pas parce que l'on a son propre pseudo à soi que l'on est parfait..."

Les mots venaient tout seul, malgré la maladresse des explications. Devoir s'occuper de Sasha lui avait réappris à parler aux autres, notamment ses cadets, lorsque Tim avait du essuyer tout le mal être de son prédecesseur.

"Et puis parfois, porter le nom d'un autre, ça aide à se souvenir de pourquoi on se bat"

Red Hood, comme une brûlure, l'envie de sang, la soif de meurtre, le péché que l'on ne pardonne pas: vengeance. Ses traits se durcirent alors, maintenant que son visage était à nu, et pourtant, si proche restait l'enfant....

"Trouve toi un but, un vrai, pas simplement celui de faire comme Robin ou d'emmerder Flash, ça ira mieux après..."

Enfin, il croyait.... Jason ne possédait aucune recette miracle, simplement ses propres larmes que trop peu avaient consolé. Faire comme les autres, plaire aux autres, à quoi bon? Ainsi que Jason l'avait toujours découvert: lorsque l'on mourait c'était seul.
Et lorsque la vie nous lasse, c'était seul, encore....

"Compris? Ah, se retenir de chialer, ça sert à rien non plus...Parce que les autres, quand ils vont mal, ils te demanderont de les consoler, alors pourquoi jouer les braves lorsque eux, ils le font pas? "

Pendant plusieurs secondes Bart ne bougea pas lorsque Red Hood glissa sa main dans ses cheveux. Il n'avait plus l'habitude de ce geste ; parce que la personne la plus encline à le faire était Iris et qu'elle ne pouvait pas s'occuper en permanence de lui, parce que Tim avait grandi depuis et s'était enfermé dans une carapace de grande personne et parce que Max n'était pas un adepte des marques d'affections s'il n'allait pas mal. Ce n'était pas grave, car de toute manière, rester enfermer trop longtemps dans les bras de quelqu'un rendait Bart fou. Pourquoi diable les gens se faisaient-il des câlins d'une manière si lente ? Bref Bart n'était pas sûr de savoir comment réagir pour que Red Hood soit content alors il se contenta de cligner des yeux en le regardant fixement, se concentrant comme il pouvait sur la discussion. « Pourquoi ? ... Pourquoi il n'y avait pas d'affection ? Est-ce que le Robin n'aimait pas Batman ? Parce que ...bon, tu sais, c'est le genre de choses que je ne peux pas demander à Robin de maintenant...C'est interdit, ça le met en colère ou triste, c'est tabou comme dit Superboy, mais tu vois... je pense et oui je pense, non je ne fais pas semblant, que Batman a toujours aimé ses Robins...Bon évidemment, ce n'était jamais facile de savoir avec son air ronchon et sa grosse voix mais... » Bart haussa les épaules et secoua la tête comme si après tout il n'en savait rien. « Enfin, je veux dire... avant, quand j'étais plus jeune, enfin quand je suis arrivé dans ce siècle-là, j'aurais aimé être un Robin pour Flash comme ceux de Batman...sauf que ce n'est pas possible. »

Pendant un instant, Bart se demanda pourquoi il parlait autant. Oh, il parlait toujours beaucoup, mais là c'était personnel, intime. Personne ne savait ses appréhensions vis-à-vis de Flash ou ce qu'il pensait sur Batman. Certes on le lui demandait pas d'ordinaire, mais sans doute qu'il n'aurait rien dit si cela avait été le cas. Peut-être parce que Red Hood, malgré sa voix par moment effrayante, ses coups de pieds dangereux et son allure de criminel, semblait le comprendre beaucoup mieux qu'une bonne partie de ses connaissances. Ils n'avaient échangé que quelques mots, mais Bart se sentait déjà plus en confiance. Il avait envie de lui poser mille et une questions ; sur lui, sur ce qu'il faisait, qui il était réellement, mais tout en sachant très bien que les gens n'aimaient pas répondre aux questions. C'était trop embêtant de réfléchir. Bart fronça un sourcil quand Red Hood assuma qu'il était courageux. Il avait envie de lui dire qu'il n'en savait rien. Que non, il avait peur parfois. Rien qu'en voyant son visage dans le miroir parfois, car il croyait apercevoir Inertia...ou il avait peur quand il allait trop vite, car il se rappelait les blessures. Bref, il avait peur de tout un tas de choses et il avait aussi peur de trop y penser. Dire des bêtises, ne pas y penser, faire semblant que tout, exactement tout, allait bien était bien plus facile. Alors, il ne dit rien, mais il sourit, car quoi qu'il en soit, il était content de recevoir des compliments.

Finalement, Red Hood retira son casque et Bart ne put s'empêcher de le regarder avec grande curiosité. La plupart des gens masqués ; héros comme vilains se cramponnaient à leurs masques comme à une bouée en pleine noyade du Titanic. Et parfois il y avait tellement de décalage entre le masque et l'être humain. Quant à Red Hood, Bart n'était pas sûr de savoir finalement. Il lui avait semblé si mature rien qu'à la voix mais d'un coup avec le visage, il semblait plus jeune. Il ne se posa pas longtemps la question alors qu'il l'attirait contre lui. Il se retrouva le nez contre l'autre et il ne bougea pas, surpris du tour que prenait les évènements. Mais il écouta attentivement, buvant les mots comme paroles d'évangiles, car après tout, c'est de ça dont il avait besoin. Un avis honnête mais doux, de l'aide pour savoir ce qu'il devait faire même si ce n'était pas une solution définitive. A l'heure actuelle, Bart ne savait pas ce qu'il ferait, s'il opterait pour Impulse ou pour Kid Flash, ou même pour quelque chose d'autrement différent.

Il ferma les yeux un instant et entoura à son tour la taille de Red hood, ses doigts se refermant dans le dos de celui-ci. Il était bien ainsi. Il se rendait compte à présent à quel point il aimait la chaleur humaine, être au centre de quelque chose, avoir des bras qui l'entouraient. Peut-être était-ce pour cela qu'il aimait tant Iris, car cette dernière était au courant sans avoir pour autant rien dit. Il releva le menton le posant toujours contre Red Hood pour éviter d'en être trop détaché et afin de pouvoir le voir. Si on le prenait dans les bras, il comptait bien en profiter au maximum. «Dis... Je sais que c'est un peu bizarre de demander comme cela et tu n'es pas obligé d'accepter, mais je me dis que si déjà tu me prends dans les bras comme ça, peut-être ça ne te dérangerait pas mais... tu veux bien être mon ami ? » Et il resserra un peu son étreinte avant de baisser de nouveau les yeux, les fermant encore. Il aimait bien cette position. «Si on devient amis, on pourra se voir de temps en temps ! J'apporterais une barre chocolatée pour remplacer celle que tu m'as donnée. Peut-être que je pourrais t'aider si tu as besoin de moi... Je sais faire plein de choses, tu sais. »

Batman qui aimait ses Robins, Jason n'y croyait plus. Plus  jeune, il aurait défendu avec fougue son mentor, comme il l'avait fait devant Nightwing une fois, reprochant au jeune homme de le rendre malheureux. Et puis Jason avait grandi, Jason était mort et, par l'enseignement de Talia, prit conscience qu'au delà des propres ténèbres de Bruce, il y avait ses souffrances à lui aussi, comme il y eut également celle de Dick avant que Jason n'arrive. Leurs douleurs, depuis combien de temps faisaient-ils exprès de l'oublier, sacrifiant tout à la gloire de Batman et de ses idéaux ? Ils étaient des gosses....
Tim, c'était différent, Tim.... il faisait ses propres choix de manière réfléchie, il acceptait de ressembler à Batman, de penser comme lui, de grandir comme un adulte. L'enfance de son cadet, Jason n'en savait rien. Quels traumatismes s'y cachaient, quelles victoires, quelles défaites aussi pour ce petit bout d'homme qui craquait malgré tout, sous le poid du deuil ?
Le souvenir de Dick, de sa main dans ses cheveux, des confidences à mi-mots dans la tour des Titans : les autres héros ne faisaient pas vraiment confiance à Batman, parfois cela se répercutait sur lui, Nightwing et sur le jeune Robin qu'était Jason aussi.
Comparé à Batman, Flash semblait être le parfait opposé : tout en sourire lorsque Batman ne se déplaçait jamais sans ses propres ténèbres. Se placer au même niveau que Bruce en prenant de manière légitime, un apprenti, n'était-ce pas accepter que lui, comme Impusle, puissent alors souffrir de la même cabale également ?

Donna lui avait souvent crié après, chose que Jason pardonnait, trop amoureux de son aîné pour bien s'en rendre compte, lui reprochant de faire trop d'erreurs. Des choses que l'enseignement de Batman ne pouvait permettre...mais qu'en savait-elle ?
Le rejet pouvait-il être une protection ? En ce cas comment analyser la propre situation de Nightwing face à l'enfant Jason ?

Hood soupira, il n'avait pas vraiment de mots pour redonner un peu de baume au cœur à l'adolescent. Il pensa à Sasha, à la propre formation qu'il lui faisait subir qu'est-ce que l'acolyte de Red Hood évoquerait aux autres ?

Blotti contre lui, Bart fit alors une demande surprenante : son ami? C'était ce qu'il avait proposé d'être à Sash, un moyen d'exrcr sa propre mainmise sur l'adolescente, et maintenant voilà qu'Impulse désirait également l'amitié. Le jeune homme secoua la tête, la gorge sèche. Bart était l'ami de Tim, de Robin, et méritait-il vraiment d'avoir dns son entourage un bourreau et un meurtrier comme Jason ?

 »Garde tes chocolats, tu en as plus besoin que moi... »

A l'âge de Bart, Jason était déjà mort. Seul. Il avait essayé d'être un ami pour Donna, il avait essayer de tout lui offrir de ce que son cœur d'enfant possédait, que son courage soit le sien, qu'elle ait ses sourires et non ses peines, elle qui pour lui était comme une déesse mais.... était-ce rciproque, il y avait eu un baiser sur sa joue, mais après ?
Il souffrait de ne pas avoir été pleuré, et le spectre de sa propre solitude revenait le hanter....

 « Parfois, c'est dangereux d'avoir certains amis

Et voilà ce que Batman avait fait de lui : Jason refusait Bart, apeuré par s propre instabilité lorsque le môme venait juste de lui faire l'aveu d'une solitude pesante. Que faire, que dire ? Il secoua la tête, une main sur l'épaule du petit héros, les yeux tristes et les traits tendus. Parce que comme Bruce, comme Batman, Jason était également une créature de Gotham, de clles ne voyant que trop peu le moindre soleil.

 « Je sais, Impulse, je sais que tu sais faire plein de choses. Mais toi, tu sais que je tue des gens ? Que je suis un criminel ? Les autres Titans ne seraient ps ravis que tu me traites en ami... » 

Un Renégat, tout comme Starfire avait choisi de l'être également, que restait-il de leur jeunesse, à tous, et de leurs glorieuses années ?

 « Je veux que tu m'aides.... De temps en temps il y a des criminels qui commettent des méfaits tellement graves, qu'on a l'impression que la prison ne servirait à rien. Lorsque tu tomberas devant ce genre de personne, je veux que tu les laisser aller et que tu me donnes leurs noms ou leurs signalement. Ils auront ma justice et ils ne pourront s'y soustraire.... tu comprends ? Parce que les enfants brisés ou assassinés, ils s'en foutent bien des bons sentiments des justiciers, ce qu'ils veulent, c'est la vengeance... »

Peut-être que le gosse serait effrayé, peut-être qu'il en serait horrifié ou ne comprendrait tout simplement pas, mais en ce cas Jason partirait, tout simplement.Parce qu'il souffrait chaque jour, chaque heure, chaque seconde, de son propre meurtre encore et toujours sans que rien ni personne ne puisse le tirer de cette solitude.
Il n'y avait que la condamnation, la sienne, et le poids du secret pour le ronger encore et encore.

Regardez-moi, je suis celui que vous avez tous oublié....

Celui que vous n'avez jamais pleuré....

Bien que beaucoup puisse le croit, Bart n’était pas idiot. Au contraire, on pouvait même dire qu’il était plutôt intelligent car malgré ses réactions enfantines, ses rires intempestifs, sa naïveté sur certains sujets et son envie de toujours faire le pitre, beaucoup semblait souvent oublié qu’il était beaucoup plus jeune mentalement que son corps d’adolescent ne le montrait. On lui demandait toujours d’agir comme un adolescent alors qu’il grandissait en retard. Et diable qu’il avait évolué ! Il comprenait à présent quand un des adultes faisait une blague salace et il arrivait presque à suivre un journal télévisé en entier sans s’endormir entre d’ennui. Alors bien qu’enveloppé de toutes les délicatesses possibles, la réponse de Red Hood, il la comprit comme elle était : un rejet. Paradoxalement sa prise sur le jeune homme se resserra légèrement par peur qu’il ne cherche dans un même geste à le repousser aussi physiquement. Il ne comprenait pas. Il cacha son visage contre Red Hood et resta immobile quelques secondes… il se força à rester immobile comme pour se mettre au défi lui-même de le faire. Malgré qu’il ait envie de bouger, de faire quoique ce soit, n’importe quoi. Non, il garda ses pieds immobiles, ses mains jointes dans le dos de Red Hood, les yeux fermés au maximum. Il n’autorisa que sa respiration à continuer car il n’allait pas s’évanouir devant l’autre. Ça lui donnerait une autre raison pour le repousser plus encore.

« Tu ne comprends pas. On ne choisit pas ses amis parce que c’est dangereux ou non. On ne choisit pas ses amis parce que ce sont des gens biens ou des gens mauvais. On ne choisit même pas d’avoir envie d’amis qui nous aime en retour. Tu comprends ? Est-ce que tu me comprends ? » Il se contredisait tout seul, pourquoi avoir demandé l’accord de Red Hood si c’était pour lui dire en substance qu’il n’avait pas le choix ? Et il ne comprenait pas lui-même pourquoi il s’attachait autant à un inconnu rencontré il y a quelques minutes. Peut-être parce qu’il avait l’impression que Red Hood ne le jugeait pas. Il le regardait comme un enfant, il le prenait dans ses bras. Il n’était pas un héros. Il était même un peu criminel alors il n’attendait pas que Bart garde un air neutre en sauvant le monde. Au contraire. Bart n’expliquait de toute manière très peu ses propres réactions car il n’aimait pas s’arrêter, même quelques secondes, pour y réfléchir. Toujours continuer sans s’arrêter.  « Tu ne peux pas me demander de te donner des noms et de travailler avec toi si tu n’es pas mon ami, tu comprends ? Parce que moi…Moi, je ne sais pas faire ça. »

Il se recula un instant pour pouvoir voir plus correctement le jeune homme et continua : « Je peux te faire m’aimer. Je te l’ai dit, je suis pratique. Je cours vite, aussi vite que Flash et je sais vibrer, je peux passer à travers les murs, c’est cool n’est-ce pas ? » Il prit une longue inspiration car malgré tous ses monologues intempestifs il n’aimait pas tant que ça se faire mousser « Et j’ai un pouvoir que les autres flashs n’ont pas. Je me souviens de tout. De tout ! Si je lis un livre en pleine vitesse, je m’en souviens ! Flash, lui ne peut pas, il ne peut pas apprendre en super vitesse mais moi, je peux ! C’est bien, n’est-ce pas ? Bien sûr, certains ont un peu profité au départ mais Robin, il m’a expliqué de faire attention alors je n’en parle pas à tout le monde et même si j’en parle, je fais semblant de ne pas comprendre pour qu’on me laisse tranquille. Parce que quand les gens croient qu’on est idiot, ils nous laissent tranquille.» Il rajouta en souriant cette fois-ci : « Et les filles trouvent que je suis drôle…elles me l’ont dit. Je peux te raconter des blagues… À vrai dire, je peux mémoriser des livres entiers pour te dire toutes les blagues qu’ils contiennent. »

Finalement, il revint sur la conversation initiale pour rassurer Red Hood : « Je n’ai pas peur ! J’ai déjà vu des morts ! Et il y a pire que tuer, je le sais ! » Il pensait à Inertia figé dans le musée des Flashs ou d’autres choses évidemment… Mais c’était rarement suffisamment agréable pour y penser trop longtemps. Il finit par lâcher Red Hood, cela faisait à présent longtemps qu’il l’avait contre lui et même lui finissait par se lasser des embrassades. Il avait besoin de bouger, de se rappeler qu’il était vivant et de sentir le mouvement. Il se recula un instant, tourna sur lui-même. Il faisait nuit mais il n’avait pas froid. Il avait peut-être partagé trop de chaleur corporelle pour cela. Il glissa ses deux mains dans sa touffe épaisse de cheveux avant de dire « Faisons quelque chose ? Si on descendait de là ? On pourrait aller manger une glace ? Tu aimes bien ? »